A l'approche du match amical face à l'équipe de France dimanche soir sur l'île de la Réunion, nous avons eu l'opportunité d'échanger avec Janine van Wyk, la capitaine de l'Afrique du Sud. L'occasion de parler du football féminin sud-africain et de son rôle sur le terrain et en dehors, pour favoriser la reconnaissance des joueuses dans le pays.
Cœurs De Foot - On a pu vous (re-)découvrir cet été à l'occasion des J.O, aussi bien collectivement que vous personnellement dans votre rôle de capitaine et au centre de la défense. Aujourd'hui, comment voyez-vous ce match face à la France ?
Janine Van Wyk - Merci de suivre ce que j'essaie de faire pour améliorer le football féminin dans mon pays et je vous remercie pour le soutien général.
J'attends avec impatience le match contre la France dimanche. Je pense que c'est une occasion fantastique pour nous de montrer ce que nous sommes [capable de faire]. Nous ne serons peut-être pas au meilleur de notre forme en raison de la longue pause après la Coupe d'Afrique des Nations en novembre, mais nous avons certainement repoussé nos limites et nous nous sommes préparées du mieux que nous pouvions pour ce prochain match [contre la France].
Nous savons que ce sera une rencontre difficile, mais nous devons nous montrer solidaires, en tant qu'équipe et tirer le meilleur parti de notre expérience face à une équipe d'une telle qualité. J'espère que nous sommes prêtes et que nous pourrons donner aux Français un bon match.
CDF - En 2016, avec l'équipe d'Afrique du Sud vous êtes allée aux Jeux Olympiques, puis vous avez été demi-finaliste de la Coupe d'Afrique des Nations... Quelle est la formule pour continuer à progresser, et pourquoi pas voir l'Afrique du Sud participer à la prochaine Coupe du Monde [2019] en France ?
JvW - Le football féminin en Afrique du Sud est en progression et chaque année il y a une amélioration dans nos structures de développement (formation) et aussi au niveau national (l'Afrique du Sud est un état fédéral avec des réalités différentes d'un état à l'autre ndlr).
Depuis que Vera Pauw est venue pour nous coacher sur la période 2014-2016, elle a construit une équipe bien structurée avec les Banyana Banyana (« les filles », le surnom de l'équipe sud-africaine ndlr), ce qui a fait de nous une équipe bien organisée. Nous nous entraînons et nous travaillons dur pour préparer les qualifications pour la Coupe du Monde. C'est notre plus haute ambition et notre objectif à atteindre, aussi bien en tant qu'équipe que sur un plan individuel.
CDF - Vous êtes la fondatrice du JvW FC, un club où jouent plusieurs joueuses qui font partie de l'équipe nationale. Vous êtes aussi la capitaine de l'équipe nationale sud-africaine. On a l'impression que vous êtes faîte pour jouer un rôle de leader. Est-ce que ça a toujours été le cas, cette volonté d'avoir un temps d'avance, d'être un leader pour vos coéquipières ?
JvW - J'imagine que j'ai toujours eu des qualités de leadership. La raison pour laquelle j'ai lancé le programme JvW (reprenant les initiales de Janine van Wyk ndlr) de développement pour le football féminin c'est parce que j'ai grandi en pratiquant ce sport avec des garçons. Il n'y avait pas beaucoup de filles qui jouaient au football à l'époque et j'ai aussi remarqué les talents que nous avons dans notre pays, ce qui m'a poussé à lancer ce projet.
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CDF - Quels sont les principaux enjeux et peut-être les principaux obstacles pour le développement du football féminin en Afrique du Sud ?
JvW - Actuellement, c'est un véritable défi d'être une joueuse de football en Afrique du Sud. Il n'y a « pas encore » de championnat professionnel et/ou national, mis en place pour nous. Par conséquent, c'est difficile de jouer contre les meilleures équipes et espérer faire de notre mieux.
C'est aussi un défi, vu que les footballeuses ne peuvent pas vivre de leur sport, étant donné que le football féminin n'est pas considéré comme « suffisamment important » par les sponsors pour soutenir notre sport. Avec un peu de chance, quand une ligue nationale sera mise en place, un plus grand nombre de sponsors se joindront au mouvement, ce qui permettra d'assurer de bons salaires pour les joueuses.
CDF - Vous allez jouer en NWSL en Avril avec le Houston Dash. La NWSL, c'est peut-être le championnat le plus relevé à l'heure actuelle. Pensez-vous que cela puisse aider l'équipe nationale d'avoir des joueuses qui aillent jouer à l'étranger comme vous ou Jermaine Seoposenwe à un niveau universitaire ?
JvW - Je suis tellement fière de tout le chemin parcouru. J'avais toujours rêvé de jouer à l'étranger et je ne pensais pas que cela arriverait à ce moment de ma carrière. Cela montre juste qu'avec du travail acharné et de l'application, tout est possible. Si je réussis à bien faire les choses [avec Houston], je suis convaincue que je pourrais ouvrir de nombreuses portes à mes compatriotes sud-africaines, pour qu'elles soient prises dans des programmes universitaires ou dans des équipes professionnelles.
CDF - Ces derniers mois, vous avez vécu un changement de sélectionneuse avec le départ de Vera Pauw et l'arrivée de Desiree Ellis à la tête des Banyana Banyana. Comme vous, Desiree Ellis a été capitaine de l'équipe d'Afrique du Sud et est considérée comme une pionnière du football féminin en Afrique du Sud. Qu'est-ce qu'elle apporte en plus à cette équipe ?
JvW - Desiree Ellis est clairement une pionnière du football féminin dans notre pays et elle a énormément appris auprès de l'une des meilleures coaches avec qui j'ai eu l'occasion de travailler : Vera Pauw. Desiree a une bonne idée de ce qu'est la mentalité/culture sud-africaine et elle réalise du très bon travail jusqu'à présent. Nous, les joueuses, essayons de lui apporter tout le soutien possible, pour qu'elle puisse réussir en tant que sélectionneuse de l'équipe nationale.
Hichem Djemai