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FIFA : Le Foot, le meilleur levier d'égalité homme-femme et d'inclusion !

Publié le 17 mars 2017 à 16:49
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Dans certains pays le Football est encore considéré comme un sport d’hommes. Les filles et les femmes doivent parfois se battre pour avoir le droit d'y jouer. Une forme de discrimination parmi tant d’autres, qui ont été abordées lors de la troisième Conférence FIFA, qui s’est déroulée à Zurich (Suisse), le lundi 6 mars. Nous étions présents pour suivre l’événement.

 

Pour présenter cette Conférence exceptionnelle, Sherine Tadros, responsable du Bureau d’Amnesty International auprès de l’ONU à New York a été en charge de l’animation entre les différents intervenants. Cette journée s’est déroulée en trois séances, entre 8h du matin et 16h de l'après-midi, consacrées aux thématiques suivantes : les progrès en matière d’égalité des sexes ; les hommes en tant qu’acteurs égaux du changement et la diversité fait la force. Trois thèmes qui avaient pour points de ralliement l’accroissement de l’égalité et de l’inclusion par le Football.

Dans son discours d’ouverture de la Conférence, le Président de la FIFA, Gianni Infantino a accueilli les participants par un résumé des mesures prises par l’instance dirigeante du football mondial ces 12 derniers mois et de ses objectifs pour les années à venir. “Les réformes statutaires approuvées en février 2016 ont apporté des changements concrets, comme la présence d’un quota de femmes au sein du Conseil de la FIFA. Notre travail a consisté à appliquer ses réformes, puis à aller au-delà. C’est la raison pour laquelle la présence des femmes a atteint un niveau sans précédent, que ce soit au sein de nos commissions permanentes ou parmi le directoire de l’administration. L’objectif est simple : faire en sorte que le football puisse compter sur les bonnes personnes aux bons postes, indépendamment de leurs origines ou de leur genre.

Après l’introduction d'Infantino, c’est la directrice exécutive adjointe de l’ONU Femmes, Lakshmi Puri qui a tenu a exprimer son message à l'assemblée, présente en nombre. “Quand un organisme aussi important que la FIFA embrasse la cause du droit des femmes, c’est une étape importante pour l’ensemble de la société dont les répercussions se feront sentir bien au-delà du sport“, expliquait Lakshmi Puri. “Notre engagement de nous réunir chaque année le 8 mars ne se résume pas à la Journée internationale des femmes. C’est une idée qui nous accompagne à chaque instant. Voir de grandes institutions internationales travailler à la réalisation de ce projet est de bon augure.

Après cela, est arrivée la prise de parole d'un panel, qui a discuté autour du thème “Progresser vers l’égalité des sexes” en la présence de Sarai Bareman, Docteur Susan Bridgewater, Sylvie Durrer, Piara Powar et Khalida Popal.

 

“Faire de l’égalité une réalité”

Depuis plusieurs années, des voix de femmes et même d’hommes ce sont levées pour mettre un terme à toutes formes de discriminations dans le Football, en donnant leurs initiatives, leurs avancées, pour faire évoluer la pratique chez les filles. L’année précédente lors de la Conférence sur le leadership féminin et les femmes dans le football, Billie Jean King, tenniswoman, véritable légende aux Etats-Unis, avait témoigné son engagement pour qu’il y ait plus de parité dans le sport.
Cette année encore la FIFA a réuni des personnalités fortes pour participer à sa Conférence sur l’égalité et l’inclusion dans le Football. Des personnes connues pour leur engagement en faveur d’une société juste, sans discriminations. Telle que Khalida Popalzai, l’ex-capitaine de l’équipe nationale d’Afghanistan, Karina LeBlanc, ex-internationale canadienne, et ambassadrice de l’UNICEF, ou Hala Ousta, manager de l’équipe nationale d’Ecosse et bien d’autres encore.

Pour certains protagonistes, le Football est devenu un moyen de se faire entendre, de défendre ces idées, de mettre en lumière leurs expériences et leurs réussites pour changer les choses, rendre le Football meilleur et ouvert à tous.
Il y a un an déjà, Gianni Infantino, récemment élu Président de la FIFA avait affirmé son positionnement à ce sujet  : “Le football féminin et les femmes dans le football sont une priorité ; cela fait partie de la solution pour l’avenir du football.” Une annonce forte qu’Infantino a maintenu en intégrant dans son cabinet deux femmes : Sarai Bareman, Directrice FIFA du football féminin et Fatma Samoura, Secrétaire Générale de la FIFA.

Depuis plusieurs années déjà, la FIFA a pris des mesures sans précédentes pour donner de l’élan au Football Féminin et tendre à une parité dans la pratique. Un fait qui se révèle encore plus prononcé et affirmé depuis l’élection d’Infantino, qui tend à changer les choses dans le bon sens chaque année plus encore.

 

Plusieurs sujets ont été abordés à l’occasion de cet événement majeur du Football féminin :

• Quels sont les obstacles à l’égalité des sexes?
• Les femmes dans le football : joueuses, entraîneurs, arbitres et dirigeantes.
• L’autre sexe : comment impliquer les hommes?
• Le sport comme outil d’inclusion et de travail humanitaire.
• La lutte contre le racisme et le sexisme dans le sport.

 

Des exemples forts

Lors de cette Conférence, il n’y avait pas de personne plus à même de porter ce message d’Égalité et d’Inclusion que Khalida Popal. Dans son discours elle fait référence à la difficulté qu’elle et ses coéquipières ont rencontré pour pouvoir jouer au Football. "'Le football, ce n'est pas pour les femmes. C'est une insulte au sport de le voir pratiqué par des femmes'. Cet épisode nous a décidé à nous battre pour notre droit à jouer, pour le droit des femmes et pour l'égalité des sexes" raconte-t-elle alors à FIFA.com.

Une initiative de la FIFA, qui intervenait deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes, qui prenait là tout son sens. Le Football n’est pas seulement un acte sportif, mais il est devenu un moyen politique de changer la société, de défendre ses droits et d'être libre de ces choix. Comme ça l’a était pour Khalida Popal : “J’aime mon pays et j’aimerais pouvoir y exercer mon métier. Mais tant que la situation ne changera pas, je devrais travailler à distance pour la Fédération afghane de football. Je suis directrice du programme de l’équipe nationale féminine d’Afghanistan. Je coordonne les initiatives et j’organise depuis le Danemark des manifestations dans tout le pays.” Un combat de longue haleine, qui démontre encore tout l'engagement que peuvent apporter certaines femmes pour faire avancer les choses, bousculer les lignes et les réfractaires machistes à l'égard du football pratiqué par les filles.

L’égalité des sexes n’était pas le seul sujet au programme. Au cours de l’après-midi, Sherine Tadros, a animé une conversation entre l’ancienne gardienne de l’équipe du Canada féminine Karina LeBlanc, aujourd’hui ambassadrice de l’UNICEF, et l’ancien international néerlandais Clarence Seedorf. Un témoignage fort lorsqu'il a souligné son point de vue sur le Football féminin. "On devrait simplement apprécier le talent dont les joueuses font preuve quand elles sont sur le terrain." Il a aussi ajouté que "Non seulement [le football féminin] c’est divertissant, mais j’aime également la façon dont les femmes préservent les valeurs du sport en général, cette manière pure et authentique de célébrer les buts, l’attitude envers l’arbitre, l’engagement... Et j’espère que ça continuera. [...] Le vent du changement souffle sur le football féminin et c’est la raison d’être de cette initiative."

Pour Karina LeBlanc, l'un de ces combats réside aussi dans une minorité ethnique, au-delà du genre, qui a rendu sa carrière plus difficile à concrétiser, mais qui l'a également renforcé dans son accomplissement. “Je suis une femme noire. J’aimerais pouvoir entrer dans une pièce en étant certaine d’être considérée d’égal à égal”, confie-t-elle à la FIFA. “Mais je sais que ce n’est pas ma réalité. L’égalité des sexes dans le monde commence par le dialogue, la sensibilisation et les petits changements. On ne change pas radicalement les choses du jour au lendemain.”

Ce débat entre anciens footballeurs a été suivi d’une table ronde autour du thème “La diversité fait la force : l’inclusion par le sport”. Ces échanges ont mis en lumière les nombreuses façons d’aider à l’émancipation de personnes issues de milieux différents et d’utiliser le sport comme un outil au service de l’inclusion, en combattant le racisme, le sexisme, l’homophobie et toute forme de discrimination.

 

Fatma Samoura, première femme Secrétaire Générale de la FIFA

C’est Fatma Samoura, la première femme à occuper le poste de Secrétaire générale de la FIFA, qui a clôturé la manifestation par un discours fort de sens : “En tant qu’instance dirigeante du sport le plus populaire de la planète, nous représentons des millions de gens, indépendamment de leur genre, de leurs origines, de leur statut social ou de leurs convictions religieuses. Nous devons êtres humains, point final”, a déclaré l’ancienne coordinatrice du système des Nations Unies, qui est née au Sénégal. “Il n’y a pas d’alternative à la diversité. Non seulement parce que, moralement, c’est le bon choix, mais aussi parce qu’elle recèle une grande richesse. Les participants à cette conférence en sont la preuve. C’est une belle image de ce à quoi le monde pourrait ressembler, et de ce que le football peut et devrait représenter. Mais pour ce faire, nous avons besoin d’actions et non de mots.

En conclusion, il reste certainement encore du chemin pour faire passer des termes comme “Egalité” ou encore “Inclusion” à l’échelle mondiale, dans des actions concrètes, capables de faire avancer le Football et donner une belle image de la société. Chaque intervenant à la Conférence FIFA a proposé son concept ou une meilleure compréhension de ces deux thèmes abordés. Les débats ont tout autant apporté un caractère pertinent à la progression de ce sujet, mais aussi la complexité qu’elle incombe et qui ne s’arrête pas seulement au Football. Une chose est certaine, les actions menées par tous ces acteurs ont une incidence positive sur la réussite de cette ambition et pour le Football féminin.

 

Intervenants :

  • Sherine Tadros, responsable du Bureau d'Amnesty International auprès de l'ONU à New York
  • Honey Thaljieh, Manager de la Communication à la FIFA
  • Gianni Infantino, Président de la FIFA
  • Lakshmi Puri, directeur adjoint de l’ONU Femmes (l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes)
  • Sarai Bareman, Directrice du Football féminin à la FIFA
  • Dr Susan Bridgewater, Professeur dans le Management et le Marketing sportif à l'Université de Liverpool
  • Sylvie Durrer, Directrice de la Fédération Suisse pour l'Egalité des Genres
  • Khalida Popal, ex-capitaine de l'équipe nationale d'Afghanistan
  • Piara Powar, Directrice exécutive du réseau de lutte contre le racisme FARE (Football Against Racism in Europe)
  • Layhoon Chan, présidente du grand club espagnol du FC Valence
  • Joyce Cook, Directrice des Associations membres FIFA
  • Martin Glenn, Directeur exécutif de la FIFA
  • Anthony Keedi, psychologue et spécialiste du genre
  • Keme Nzerem, journaliste sur Channel 4 News
  • Karina LeBlanc, ex-internationale canadienne et ambassadrice UNICEF
  • Clarence Seedorf, ex-international néerlandais, quadruple vainqueur de la Ligue des champions de l’UEFA et Legende FIFA
  • Abhijeet Barse, Directeur exécutif, Slum Soccer
  • Vladimir Borkovic, Directeur du réseau, streetfootballworld
  • Thomas Hitzlsperger, ex-international allemand (capitaine)
  • Raha Moharrak, première Saoudienne à atteindre le sommet du Mont Everest.
  • Hala Ousta, Manager de la Diversité et de l'Inclusion, à la Fédération de Football d'Ecosse
Dounia MESLI
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