La (courte) saison 2017 en Angleterre s'est ouverte avec l'annonce hier de la disparition de l'équipe de Notts County, dissoute par le président du club Alan Hardy. L'équipe féminine du club réduite à néant pour faciliter le sauvetage de l'équipe masculine, dans un club en grande difficulté financière. Une nouvelle qui jette un froid alors que les joueuses de l'équipe devaient disputer leur premier match de championnat dimanche face à Arsenal.

 

Ce samedi était prévu le lancement des Spring Series, compétition transitoire dans le championnat d'Angleterre, pour passer d'un championnat « d'été » (entre avril et octobre) à un championnat « d'hiver » (de septembre à mai) et s'aligner sur les calendriers de la majorité des championnats du continent (Allemagne, France, Espagne...).

 

Une histoire d'argent

 

Cette phase de transition était assurée via les Spring Series, un mini-championnat, avec seulement neuf journées, et aux allures de tournoi amical pour assurer la continuité des compétitions avant la mise en place du nouveau calendrier à partir de septembre prochain. Pourtant, ces Spring Series ont pris une toute autre tournure avec l'annonce hier de la disparition de Notts County, l'une des équipes des dix équipes de la FA WSL 1, la plus haute des deux divisions du championnat professionnel anglais.

 

Une annonce faite par la voix de son président et propriétaire, Alan Hardy, hier vendredi, alors que les joueuses devaient débuter la compétition dimanche sur la pelouse d'Arsenal. L'équipe de Notts County était liée au club masculin du même nom et basé à Nottingham. Récemment racheté par Alan Hardy, le club connaît des difficultés financières et est depuis plusieurs mois dans le viseur du HMRC (Her Majesty's Revenues & Customs), le service des impôts et des douanes britannique.

 

Déjà en décembre 2016, l'équipe féminine avait été menacée de dissolution par le HMRC en raison de la dette du club (90.000 livres sterling soit un peu plus de 107.000 euros) qui s'ajoute à celle de l'équipe masculine également dans le rouge, avec une dette qui s’élèverait à 800.000 euros ( près de 670.000 livres). Pour Alan Hardy, la décision de dissoudre l'équipe féminine serait motivé par l'écart entre les revenus potentiels de l'équipe féminine (qu'il chiffre à 28.000 livres, soit en un peu plus de 33.000 euros) et les dépenses liées principalement au paiement qu'il évalue à 500.000 livres (un peu moins de 600.000 euros).

 

Hardy a également parlé de son initiative de revendre l'équipe à des clubs de Premier League, ce à quoi la Fédération Anglaise se serait montrée réticente, mais aucun nom n'a été avancé.

 

Une équipe qui comptait cinq internationales anglaises

 

Si les chiffres du président sont à nuancer (par exemple les internationales anglaises sont principalement payées par la fédération et pas par le club, ce qui réduit d'autant la masse salariale), il est pourtant clair que la gestion d'une équipe professionnelle féminine représente un coût qui est plus élevé que les revenus potentiels immédiats. Ce raisonnement a justifié pour Alan Hardy, le fait de se concentrer sur le financement de son équipe masculine qui évolue en League Two (quatrième division anglaise, professionnelle). Même si la dette de l'équipe masculine est plus importante, elle peut être compensée par des revenus potentiels plus élevés et donc à terme sauver l'équipe de la faillite.

 

La disparition de Notts County a été une surprise alors qu'un délai avait été négocié jusqu'au 3 juillet avec le HMRC, soit après la fin des Spring Series, pour réévaluer la situation et proposer des solutions. Alan Hardy a pris donc la décision de ne pas engager de dépenses supplémentaires à l'occasion des Spring Series.

 

Dans la pratique, les joueuses se retrouvent désormais dans une situation dramatique puisqu'elles ne peuvent pas retrouver de clubs dans l'immédiat, la période pour les transferts étant désormais terminé. Un club qui comptait notamment cinq internationales anglaises, dont quatre disputeront l'Euro cet été (Carly Telford, Laura Bassett, Jo Potter et Jade Moore).

 

Relocalisation avant disparition

 

L'une des ironies de cette histoire, c'est que l'équipe avait été initialement créé à Lincoln en 1995, une ville située au nord-ouest de Nottingham. Le club était parvenu à se hisser jusqu'en deuxième division (secteur nord) où il jouait les premiers rôles du championnat. A la création de la FAWSL, Lincoln avait fait partie des équipes choisies pour prendre part au nouveau championnat professionnel et est parvenu à se maintenir en première division depuis.

 

En 2013, l'équipe est finalement transféré à Nottingham pour devenir à Notts County à partir de la saison 2014 et être associé à un club masculin qui évolue dans un championnat professionnel, ce qui n'est pas le cas du Lincoln FC qui évolue en cinquième division (National League) chez les garçons.

 

Finaliste en 2015 de la Coupe d'Angleterre, et sixième du championnat la saison dernière ; Notts County n'auront donc tenu que trois ans sous ses nouvelles couleurs avant d'être victime des difficultés financières du club. Un dénouement qui soulève en Angleterre la question du modèle économique pour la FA WSL. Récemment le club de Sunderland a fait passé l'ensemble de ses joueuses vers des contrats à temps partiel, pour des raisons économiques mais aussi selon le club pour permettre aux joueuses de poursuivre d'autres activités et notamment leurs études.

 

Les joueuses ont appris la nouvelle par les médias

 

Alors que les géants du football anglais, en premier lieu Manchester City, investissent dans le football féminin, tous les clubs masculins n'ont pas les moyens ou ne sont pas prêts à assumer le coût représenté par la création d'une équipe féminine mais aussi de structures pérennes de formation pour les jeunes joueuses.

 

Dans l'immédiat, aucune équipe ne remplacera Notts County pour disputer les Spring Series qui se joueront à neuf équipes et donc autant de matches en moins avec le retrait du club de Nottingham. Pour ce qui est de l'avenir des joueuses, rien ne semble avoir été décidée d'autant qu'elles ont appris la nouvelle via les médias et les réseaux sociaux, exprimant en direct leur désarroi face à une décision qu'elles ont appris « comme tout le monde ».

 

Hichem Djemai