La première journée de championnat en Espagne était un rendez-vous attendu, notamment avec les débuts du CD Tacon (futur Real Madrid à partir de la saison 2020/2021) aujourd'hui (18h) face au FC Barcelone. Pourtant le match ne sera pas proposé à la télévision espagnole, uniquement sur les télévisions du FC Barcelone et du Real Madrid....

 

Cette situation n'est pourtant pas liée à l'absence de diffusions TV. Au contraire, depuis quelques années, les rencontres du championnat d'Espagne (désormais rebaptisé Primera Iberdrola) sont diffusées notamment via la chaîne Gol, et désormais sur la chaîne #Vamos, qui a pris le relais de BeIN depuis la saison dernière.

Ce week-end, par exemple, quatre rencontres seront proposées sur ces deux chaînes dont l'entrée en matière des championnes en titre, l'Atlético de Madrid, ce samedi sur la pelouse du Sporting Huelva. Alors comment expliquer une telle situation ?

 

Les droits TV au cœur de la discorde

Elle trouve son origine dans les changements intervenus cette année dans l'organisation du championnat féminin. Alors que ces dernières années, c'était la Liga (ligue espagnole) qui assurait l'organisation du championnat, la fédération espagnole (RFEF) a décidé de reprendre le contrôle de la compétition, d'où notamment le changement de nom, avec la Liga qui devient la Primera Iberdrola (Iberdrola étant le sponsor officiel du championnat).

Une partie des clubs organisé via l'ACFF ont négocié avec Mediapro la vente des droits TV jusqu'en 2022, avec un contrat de 9 millions d'euros (3 millions par saison), assurant aux clubs signataires de l'accord une somme de 230.000 euros annuels. Cette cession est intervenue au mois de mars dernier, alors que la reprise en main du championnat par la Fédération et son président Luis Rubiales, n'avait pas encore été actée.

Cette vente des droits TV concernent 12 des 16 clubs actuellement présents en première division, à l'exception de l'Athletic Bilbao, du FC Barcelone, du FC Séville et du CD Tacon, récemment promu. Depuis, la fédération a tenté en vain de reprendre le contrôle sur les droits TV, alors qu'une décision de justice a validé au mois de juin l'accord entre Mediapro et les 12 clubs signataires.

 

Une question de confiance ?

Pour tenter de reprendre la main dans ce dossier, la fédération a notamment fait la promesse d'une aide financière d'un demi-million d'euros par club, parmi les contreparties d'une cession des droits TV à la fédération. Une promesse qui dans l'immédiat ne semble pas suffire, puisque pour les clubs ce contrôle sur les droits TV est aussi une manière de conserver un moyen de pression. Le transfert de compétences entre la Liga et la RFEF s'est faîte à marche forcée, et la plupart des clubs ont attendu le dernier moment avant de se rallier à la nouvelle donne proposée par Luis Rubiales.

Pour les équipes hors de l'accord passé avec Mediapro, des contacts auraient été pris avec d'autres groupes comme Mediaset ou la RTVE (public), afin d'envisager une diffusion en dehors des chaînes propres dont disposent les quatre clubs concernés. Ces clubs conservent pour le moment le contrôle sur leurs droits audiovisuels, même si les formations concernées (Athletic Bilbao, FC Barcelone, FC Séville, CD Tacon) auraient donné leur accord pour céder leurs droits en l'échange des 500.000 euros promis par la RFEF.

 

Dans l'attente d'un accord collectif pour les joueuses

Cette situation a probablement eu également une incidence sur l'autre négociation en cours, et qui concerne l'instauration d'une convention collective pour le football féminin professionnel en Espagne. Des négociations interrompues au cœur de l'été, avec une dernière réunion fin juillet sans qu'un accord n'ait pu être trouvé.

Parmi les points d'achoppement évoqués par la presse espagnole, celle du salaire annuel minimal. Les joueuses demandent une rémunération plancher de 17.000 euros, alors que les clubs proposent la somme de 14.000 euros annuels. Un aspect financier qui se lie aussi à celui du calcul du temps de travail des joueuses et sur lequel des désaccords persistent à ce jour.

 

Photo: EFE

Hichem Djemai