Le championnat espagnol devrait basculer dans le professionnalisme à partir de la saison 2021/2022, c'est ce qui a été annoncé ce vendredi par la présidente du Conseil Supérieur des Sports, la plus haute instance du sport espagnol. Ce serait l'aboutissement d'un processus enclenché avec la signature début 2020 de la convention collective du football féminin.

 

Le championnat espagnol continue d'avancer vers la professionnalisation, et c'est un pas décisif qui vient d'être annoncé par Irene Lozano, présidente du Conseil Supérieur des Sports (CSD). Le CSD est une instance qui dépend du ministère espagnol de la Culture et des Sports, dans une Espagne où c'est la loi qui détermine quels championnats peuvent bénéficier du statut professionnel.

 

« Nos footballeuses le méritent, la société le demande »

Irene Lozano a fait cette annonce vendredi, à l'occasion de la remise des « Prix Lili Alvarez » qui récompensent les travaux journalistiques en Espagne qui participent à visibiliser le sport féminin et promouvoir l'égalité femmes-hommes dans le domaine sportif.

La présidente du CSD a indiqué dans son discours que le gouvernement espagnol prenait « l'engagement de professionnaliser la ligue féminine de football pour la saison prochaine. » Irene Lozano a exprimé le souhait d'avoir en Espagne « l'une des meilleures ligues de football féminin en Europe et la manière d'y parvenir est de la rendre professionnelle. » Elle a ensuite ajouté : « Nos footballeuses le méritent, la société le demande, et le gouvernement s'y engage fermement. »

Une prise de position claire alors que jusqu'à présent, seules trois compétitions, toutes masculines, bénéficiaient de ce statut : les deux premières divisions de football (Liga Santander et LaLiga Smart Bank) et la première division du championnat de basket-ball (Liga Endesa). La Primera Iberdrola pourrait donc devenir le quatrième championnat à bénéficier de ce statut dans le pays.

 

Une question suivie au sommet de l'état espagnol

Une bascule liée à deux critères juridiques déterminants, à savoir des « relations de travail » entre les clubs et les sportives et « l'importance et la dimension économique » de la compétition. Entre la signature de la convention collective du football féminin début 2020 et l'existence d'un accord sur les droits TV avec le groupe Mediapro, les conditions seraient donc réunies pour faire basculer le championnat espagnol dans le professionnalisme.

Pourtant, cette évolution a aussi été la conséquence des débats qui ont eu lieu ces derniers mois en Espagne, d'abord autour du combat des joueuses pour obtenir la signature d'une convention collective. Les partis politiques espagnols ont suivi de près la mobilisation des joueuses, notamment après la grève organisée lors de la 9e journée de championnat, provoquant l'annulation de l'ensemble des matches les 16 et 17 novembre 2019.

Pour officialiser la signature de la convention collective, une cérémonie avait également été organisée le 19 février dernier dans l'enceinte du Parlement espagnol, en présence de Meritxell Batet, la présidente du Congrès des députés (équivalent de l'Assemblée Nationale française).

 

La fin d'une situation bancale

L'existence de cette convention collective faisait des joueuses de Primera Iberdrola des sportives professionnelles, alors que la première division espagnole restait un championnat amateur. Une contradiction qui s'est révélée au printemps face à l'épidémie de coronavirus. Au moment de discuter d'une éventuelle reprise du championnat (comme chez les garçons), les joueuses de Primera Iberdrola étaient renvoyées à ce statut « non professionnel » de leur championnat et de devoir accepter l'arrêt définitif de la saison, à l'inverse de la Liga masculine.

De même, le retard enregistré pour lancer la nouvelle saison, avec une reprise programmée pour les 3 et 4 octobre, est également liée à ce statut « non professionnel », et la nécessité d'établir un protocole sanitaire au préalable sous l'égide de la fédération espagnole (RFEF), et l'aval des instances gouvernementales, dont le CSD.

En devenant un championnat professionnel, la Primera Iberdrola disposerait donc d'un statut autonome, et d'une plus grande latitude en terme d'organisation, ce que réclamait la plupart des dirigeants de clubs de Primera. Si ce nouveau cadre devrait se dessiner dans les prochains mois, le processus de professionnalisation se poursuit en Espagne, rejoignant en Europe la FA WSL anglaise, qui a également basculé sous régime professionnel depuis 2018.

 

Photo: Alberto Molina / Atlético de Madrid

Hichem Djemai