Les joueuses espagnoles ont stoppé provisoirement leur mouvement de grève, avec une nouvelle séquence de négociations qui s'ouvre jusqu'au 20 décembre. Une séquence qui peut désormais se conclure par la signature d'un accord, ou la reprise de la grève si les joueuses et les clubs ne parviennent pas à s'entendre sur les contours de la future convention collective.

 

Après la démonstration de force des joueuses de Primera Iberdrola ce week-end, l'AFE (Association des Footballeurs Espagnols) a annoncé lundi la suspension de la grève. Une décision qui coïncide avec la reprise des négociations, à la suite d'une réunion de médiation sous l'égide de la Fundacion SIMA, une structure publique qui dépend du Ministère du Travail, et chargée de proposer médiations et arbitrages dans le cadre de conflits du travail.

 

=> Espagne : Les joueuses en grève pour exiger la mise en place d'une convention collective

 

Un combat sorti de l'anonymat

Une annonce qui intervient alors que les 8 rencontres de la 9e journée n'ont pu se tenir, en raison de la grève des joueuses, très suivie, et rendant impossible l'organisation des matches programmés samedi et dimanche. La grève menaçait déjà de se poursuivre le week-end prochain à l'occasion de la 10e journée. Pour l'AFE, cette action a notamment permis d'apporter une « visibilité » au « problème » et aux « revendications » exprimées par les joueuses.

Sur les réseaux sociaux, on a pu notamment voir fleurir des images d'équipes féminines de jeunes, avec des joueuses qui se sont assises sur le terrain pour exprimer leur solidarité avec leurs aînées. Du côté du football masculin, si le nombre des soutiens reste encore limité, des joueurs comme l'attaquant français Antoine Griezmann ou l'ex-métronome du FC Barcelone et de la Roja, Andrès Iniesta, se sont exprimés sur les réseaux sociaux pour soutenir les joueuses.

Le monde politique en Espagne a également été amené à réagir sur la grève, signe que le débat autour de la convention collective réclamée par les joueuses interpelle au-delà des aficionados du ballon rond.

 

Reprise des négociations

Dans l'immédiat, la grève est suspendue au moins jusqu'au 20 décembre, période durant laquelle les représentants des joueuses et des clubs sont censés parvenir à un accord sur la base des propositions faîtes par la Direction Générale du Travail (également liée au Ministère du Travail espagnol).

Des propositions qui semblent pour le moment aller dans le sens des joueuses. Dans un communiqué, l'AFE avait indiqué que la Direction Générale du Travail validait notamment l'établissement d'un salaire minimum de 16.000 euros annuels (pour les joueuses à temps plein), et des contrats à temps partiel qui soient au minimum au trois-quarts temps (75 % d'un temps plein), ce qui garantirait une rémunération minimale de 12.000 euros annuels pour les joueuses à temps partiel

Un deuxième point qui serait notamment le point d'achoppement avec l'ACFF (Association des Clubs de Football Féminin). L'organisation, qui représente 13 des 16 clubs de Primera Iberdrola (à l'exception donc du FC Barcelone, de l'Athletic Bilbao et du CD Tacon), estime que l'obligation d'employer des joueuses au minimum au trois-quarts temps, avec des salaires à 12.000 euros annuels, représenterait une charge financière trop lourde pour certains clubs.

 

Avoir les moyens de sa politique

L'ACFF souhaite garder la possibilité d'employer des joueuses à mi-temps (50 % d'un temps plein), avec des rémunérations minimales qui seraient alors de 8.000 euros annuels. A l'inverse, pour l'AFE, des emplois à mi-temps ne correspondent pas au temps de travail réel des joueuses pendant la saison.  

Dans son dernier communiqué, l'ACFF a, de son côté, souligné que les solutions négociées devaient permettre « d'apporter une stabilité économique et sociale » au championnat, et qu'elles restaient « subordonnées » à « l'obtention des ressources économiques nécessaires ». Une allusion au conflit en cours autour des droits TV de la Primera Iberdrola dont la résolution pourrait permettre de de trouver également une issue sur la question de la convention collective.

À l'issue de ces nouvelles négociations, la grève pourrait donc être définitivement stoppée ou au contraire reprendre début 2020, en l'absence d'un accord entre les clubs et les joueuses. Une affaire à suivre...

 

Photo : Fernando Alvarado / EFE

Hichem Djemai