Ce week-end, un match de 5e division tourne court en Espagne, et l'arbitre de la rencontre est accusé d'avoir proféré insultes et remarques sexistes, provoquant la colère des joueuses de Crevillente et l'arrêt du match. Le club a contre-attaqué après la rencontre et exige notamment des excuses de la part de l'arbitre.

 

La fin de week-end a été agitée du côté de Crevillente. Ville située au sud-est de l'Espagne dans la province d'Alicante, son stade Enrique Miralles accueillait un match de Primera Regional féminine entre le club de la ville, le Crevillente CF et l'équipe C du SPA Alicante (dont l'équipe première évolue en deuxième division [Reto Iberdrola]).

Un match de 5e division, a priori sans histoire, et interrompu à la 77e minute après un accrochage entre l'arbitre de la rencontre et les joueuses du club de Crevillente, qui menait alors 1-0 dans cette partie. Le lendemain de la rencontre, le club de Crevillente diffuse un communiqué sur les réseaux sociaux, titré « Stop au machisme ! » et qui « dénonce les remarques sexistes faîtes par l'arbitre » en direction « des joueuses » de Crevillente « pendant la rencontre ».

 

Les mots doux

Le communiqué évoque des phrases comme « vous êtes des chochottes (nenazas) », « ferme-là, tu ne comprends rien au football » ou encore « les femmes ne devraient pas pratiquer [ce sport] ». La démonstration semble alors implacable, et oblige la fédération valencienne (FFCV, en charge de la compétition) et sa commission arbitrale à se saisir de l'affaire.

Depuis, l'arbitre de la rencontre a affirmé ne pas avoir tenu les propos relayés par le communiqué, et livré sa version des faits dans son rapport du match, dont plusieurs extraits ont été publiés dans la presse espagnole. Il avance notamment que les joueuses de Crevillente n'ont pas accepté l'une de ses décisions arbitrales (en l’occurrence un penalty en faveur d'Alicante), provoquant en l'espace d'une minute la sortie de trois cartons rouges (un direct et deux pour un deuxième jaune), à chaque fois suite à des contestations !

L'une des joueuses expulsées auraient alors pris à partie l'arbitre en lui disant notamment « tu es un machiste de merde, un con qui ne comprend rien... ». Le dernier quart d'heure vient alors de débuter, et à la 77e minute, l'arbitre confirme avoir décidé de suspendre la rencontre « ne pouvant s'assurer de son intégrité physique » en restant sur le terrain. Il ajoute également avoir voulu faire reprendre la partie quelques minutes plus tard mais que les dirigeants de Crevillente auraient alors refusé de terminer la partie.

 

Des excuses attendues pour clore l'affaire

La version des faits proposée par le club de Crevillente est bien différente, estimant que l'arbitre avait cherché à se protéger, alors que les joueuses menaçaient de faire intervenir la police (Guardia Civil), en raison du caractère injurieux de ses propos.

Du côté du SPA Alicante, son président Jesus Canizares (qui est par ailleurs le président de la Commission chargé du football féminin au sein de la FFCV), a choisi pour le moment de ne pas prendre partie dans cette affaire, expliquant que ses joueuses n'avaient entendu aucun des propos, tels que rapportés par l'arbitre ou par les joueuses de Crevillente.

Quelles suites à cette affaire ? Elle est désormais dans les mains instances régionales, alors que le club de Crevillente souhaite de son côté que l'arbitre de la rencontre présente ses excuses auprès des joueuses présentes lors du match, et que la fédération « prennent des mesures qui permettent de faire disparaître des terrains ce type d'agissements et de commentaires machistes ».

 

Photo: Crevillente Femenino / Instagram 

Hichem Djemai