Comme de nombreuses joueuses françaises, elle ne se dévoile quasiment jamais à coeur ouvert, encore moins sur sa vie personnelle et l'envers du décor du football de haut niveau. Pour Canal+, Amandine Henry a pourtant accepté de faire ce chemin, ouvrir son quotidien à la caméra de Chloé Garrel, après l'échec du mondial 2023, jusqu'aux portes de la Ligue des Nations en février dernier. Un documentaire diffusé ce dimanche 7 juillet à 21h sur Canal+.

 

Journaliste - Comment expliquez-vous la différence de perception qu'il y a entre les États-Unis et la France, car vous évoquez la grandeur du foot outre-atlantique ?

Je pense qu'il y a la culture qui rentre en jeu. Aux États-Unis la femme dans le sport de base est beaucoup plus ancienne, alors que nous [en France] ça fait peut-être 20 ans qu'on en entend parler et le fait qu'on n'est pas encore remporté de titre [avec la A].

Le jour où on remportera un trophée, je pense que ça fera évoluer encore plus les choses, mais chaque chose en son temps, on évolue à notre rythme. On n'est plus choqué de voir une fille jouer au foot, alors qu'il y a encore quelques années quand j'ai commencé, on était encore choqué. Ça avance petit à petit. 

 

Journaliste - Vous avez l'impression que s'il y a un titre majeur, comme les JO de cet été, ça peut-être un déclic pour la perception du football féminin en France ?

Oui j'en suis persuadée, on a pu voir déjà l'évolution qu'il y a eu grâce à la Coupe du Monde en France en 2019, alors qu'on n'avait pas remporté de titre et on a eu quand même une évolution, donc je n'imagine même pas avec un titre à la maison. 

 

Journaliste - Objectif aux JO, un titre ?

Ah oui forcément (sourire), c'est la médaille. 

 

Journaliste - Médaille et titre ce n'est pas pareil. C'est la médaille [d'or que vous visez] ?

Sachant qu'on n'a jamais rien remporté, on se dit la médaille, mais forcément on pense à l'or. On va tout faire pour aller chercher l'or.

 

Coeurs de Foot - Tu es la première joueuse de football à avoir un documentaire sur une partie de ton parcours dans le haut niveau, où tu te livres à coeur ouvert. Penses-tu que cela va amener un déclic, et amener peut-être aussi plus de "sincérité" chez les autres joueuses, se livrer personnellement, pas que sur le football, mais aussi l'envers du décor ?

Je l'espère, en tout cas c'est pour ça aussi que Canal a accepté de faire ce documentaire, c'est pour être inspirante pour la nouvelle génération.

J'ai essayé d'être la plus naturelle possible, en montrant aussi l'envers du décor, car parfois on ne voit que les trophées et tout le reste, mais on ne voit pas comment on travaille derrière et les sacrifices qu'il peut y avoir. C'est bien de le montrer, qu'on reste quand même humain et je pense que quand on croit en soi, tout est réalisable.

 

Coeurs de Foot - Cela peut aussi amener un déclic pour les fans, qu'ils vous soutiennent un peu plus, qu'ils considèrent un peu plus ce que vous faites pour eux, que ça soit en club ou en sélection surtout ?

(sourire) Oui je pense que parfois ils ne se rendent pas compte qu'il y a beaucoup de travail derrière.

Sur les réseaux, les critiques qu'on peut entendre ou voir... Nous forcément on essaye de se protéger, mais on est à la base humain [pas que des athlètes de haut niveau], donc parfois ça nous touche droit au coeur, car on se donne à 10000% et on n'y arrive pas, comme dans n'importe quel job, ou pratique [sportive], donc j'espère aussi qu'ils verront un petit coeur derrière ça (rires).

Dounia MESLI