La Coupe de France c'est toujours l'occasion de découvrir des équipes qui restent le plus souvent dans l'ombre, loin des « grandes compétitions » et du centre de l'attention. Ce week-end, Coeurs de Foot était à Pierrelaye dans la Val d'Oise pour suivre le match entre le FC Parisis et les Nordistes du FC Lillers.

On retrouve les deux équipes au stade municipal de Pierrelaye. Pas de tribune mais un public plus nombreux qu'à l'accoutumée. Des familles, beaucoup de jeunes du clubs et d'enfants en général mais aussi des supporters de Lillers qui ont fait le déplacement en région parisienne. Des banderoles de circonstance et une bonne ambiance parmi les quelques dizaines de personnes présentes pour ce match.

 

Parisis, un petit poucet et un passé

Le FC Parisis qui accueille la rencontre évolue actuellement en Promotion d'Honneur, soit la cinquième division. Le club est même lanterne rouge de sa poule. Un paradoxe pour cette équipe qui fait partie des deux équipes de PH à avoir atteint les 32e de finale cette saison. L'exploit des joueuses du Val d'Oise a eu lieu au premier tour fédéral, au tour précédent, où elles ont sorti Évreux qui évolue en DH, deux divisions plus haut.

Un match joué en décembre dernier et dont se souvient Carole Sanson, l'une des joueuses du FC Parisis. Une victoire 1-0 avec « un but [inscrit] dans les cinq premières minutes. » L'équipe avait « vraiment appuyé dans les quinze premières minutes et puis après (…) a réussi à tenir. ». Un exploit loin des performances en championnat où le jeu de Parisis est « plus mou ».

Un club de Parisis qui dans sa généalogie a un lien avec le haut niveau. Il y a quelques années, le club d'Herblay évoluait en D2. L'histoire s'était mal finie, avec des conflits internes qui avaient faits explosé l'équipe, finalement déclarée forfait pour la saison 2012/2013 et rétrogradé par la suite en DHR. Le FC Parisis est né quelque part sur les cendres du club d'Herblay, puisqu'il s'agit d'une fusion entre les clubs d'Herblay et de Pierrelaye, deux communes voisines. Sylvain Taleb, vice-président du FC Parisis, nous parle d'un club qui a été reconstruit « par le bas » avec une priorité donnée à l'école de football et aux jeunes.

Un travail auxquelles participent plusieurs joueuses de l'équipe senior, dont Charlène Pihen, capitaine de Parisis pour ce match et également l'une des responsables des équipes de jeunes au sein du club qui compte aujourd'hui une centaine de licenciées.

 

Lillers : « regoûter à la D2 »

Face à Parisis, le FC Lillers apparaissait comme un adversaire coriace. Actuellement en Division Inter-Régionale, le club évoluait en D2 la saison dernière. Dixième de la poule A, le club est descendu à l'échelon inférieur tout comme Hénin-Beaumont, deux équipes qui se disputent actuellement la première place en Inter-Régionale.

Un passage de deux saisons en D2 qui a confronté le club nordiste a la nécessité d'être « très structuré [avec] des moyens financiers » supérieurs à ceux dont dispose actuellement le club. Malgré tout, David Gabsi, le coach de Lillers a réussi à garder l'ossature de l'équipe qui jouait en en D2 la saison dernière. Une équipe qui a fière allure avec beaucoup de joueuses passées par Hénin-Beaumont et Arras principalement en équipe de jeunes.

Dans l'équipe, on trouve d'anciennes joueuses de D1 comme Aurélie Desmaretz qui a joué six saisons dans l'élite avec Hénin ou des joueuses qui ont connu l'équipe de France en jeunes comme Audrey Tabary, Ludivine Willems ou Claire Levasseur. David Gabsi parle aussi de ces joueuses « en difficulté dans leurs clubs » et qui peuvent venir « se relancer », retrouver « du plaisir » et participer à construire une équipe pour retourner en D2 d'ici quelques années.

Parmi les joueuses qui viennent se relancer à Lillers, April Dubois est un bon exemple. Passée par Hénin-Beaumont en U19, puis par Templemars devenu le LOSC, elle a connu de longues blessures et seulement une poignée de matches de D2. Arrivée cette saison à Lillers, elle évolue au poste de milieu défensif. Une position sur le terrain qui ne l'empêche pas de marquer des buts.

Dans les vingt premières minutes du match, Lillers prend rapidement le large inscrivant quatre buts dont trois pour April Dubois. Elle signe l'ouverture du score sur penalty à la 8e minute suite à une main dans la surface. La numéro 6 nordiste marque ensuite sur corner, une frappe en retourné qui trompe Ludivine Floirac après que le ballon ait été dévié dans la surface de Parisis (14e).

On la retrouve à la conclusion sur le quatrième but avec une belle reprise de volée, toujours suite un corner et qui ne laisse aucune chance à la gardienne de Parisis (20e). Entre-temps, Audrey Tabary, capitaine de Lillers, avait inscrit le troisième but de son équipe (16e) suite à un bon travail de Ludivine Willems côté droit puis un centre de Carla Parquet.

 

« Prendre du plaisir »

Une première période à sens unique avec une équipe de Parisis rapidement à distance et des rêves d'exploits qui s'éloignent pour les joueuses du Val d'Oise. Après la rencontre, Sébastien Anfray, l'entraîneur de Parisis nous dira qu'il avait senti ses joueuses « un petit peu stressées par l’événement dès le début du match ». L'enjeu, la magnitude de ce trente-deuxième pour des joueuses qui découvrent ce niveau de compétition a, selon lui, empêché ses joueuses de « se relâcher » et « essayer de jouer ».

Une difficulté d'autant plus flagrante que Lillers avait la volonté de prendre rapidement l'avantage en faisant un gros début de match comme nous le dira David Gabsi après la rencontre. A la pause, les joueuses du FC Parisis sont restées sur la pelouse et l'on a pu entendre Sébastien Anfray rappeler l'importance de « prendre du plaisir » sur ce match, profiter de l’événement et apprendre au contact d'une équipe de toute façon « très au dessus ».

Malgré l'écart, ce plaisir était au rendez-vous pour les joueuses de Parisis. Comme nous le dira Carole Sanson, c'est aussi le genre de match qui « permette d'avancer ». Dans la difficulté, les joueuses du Val d'Oise sont allées au bout, poussées par leurs supporters. En deuxième mi-temps, les Franciliennes auront même l'occasion de réduire la marque avec notamment un face-à-face avec Julie Pruvost pour Caroline Dalyphard. La numéro 13 de Parisis entrée en seconde période bute finalement sur la gardienne de Lillers (66e), avant que le ballon ne sorte miraculeusement en corner.

Quelques possibilités pour Parisis, mais en seconde période Lillers accentue encore son avantage avec des buts d'Anne-Sophie Papin sur penalty (64e), et deux très belles frappes d'Audrey Tabary (56e) et Malvina Cabaret (91e) qui finissent à chaque fois dans la lucarne droite du FC Parisis.

 

La fête continue

Au coup de sifflet de final, le score de 7-0 reflète l'écart entre les deux équipes, même si Parisis aurait peut-être mérité de marquer un but dans ce match. Pour Lillers, le club connaîtra ses premiers seizièmes-de-finale de Coupe de France. Le club s'était donné l'objectif d'atteindre les trente-deuxièmes, le tirage au sort leur a permis de se voir au tour suivant.

C'est désormais chose faîte, avec désormais la possibilité de se confronter au haut niveau et pourquoi pas se confronter aux « gros ». Une Coupe sans pression et « plus de plaisir » pour Aprile Dubois qui voit cette compétition « moins dans le sérieux (…) et les objectifs de championnat (...) tout en essayant de faire le plus beau jeu possible ».

Se servir de la Coupe pour progresser en championnat, c'est désormais l'équation pour Parisis qui joue dès mercredi en championnat avec une opération maintien pour l'équipe du Val d'Oise. Pour des joueuses qui s'entraînent une à deux fois par semaine à Pierrelaye, ces matches des Coupe sont des formes d'apprentissage accélérées. « Des matches de travail » sur lesquels Sébastien Anfray veut s'appuyer, plus parlants selon lui pour aider l'équipe à progresser.

En attendant, il a fini la journée au service avec une galette des rois faite par le coach de Parisis lui-même et partagée avec les supporters à la fin de la rencontre. Une manière de prolonger la fête avant de replonger dans le quotidien.

Hichem Djemai