La patience des clubs de D2 a peut-être atteint ses limites, avec le souhait ouvertement exprimé d'une reprise rapide du championnat, interrompu à l'automne dernier en raison du contexte sanitaire. C'est le sens du communiqué publié par les 11 clubs amateurs de D2, rejoints dans leur démarches par les trois structures amatrices de D1 : le FC Fleury 91, l'ASJ Soyaux et le GPSO 92 Issy.

 

Une interruption qui s'éternise

Dans ce communiqué, les clubs signataires réclament « une reprise concertée dans les meilleurs délais » ainsi que celle de « la Coupe de France Féminine ». Pour envisager ce retour vers les terrains, le texte rappelle que cela passe notamment par la classification du championnat de deuxième division dans la catégorie « compétition de Haut-Niveau », une décision qui relève d'instances rattachées au Ministère des Sports.

=> FFF : Un nouveau format pour la D2... en cas de reprise

Cela fait près de 4 mois que le championnat est interrompu en D2, et le fait que ce soit des clubs amateurs qui montent au créneau ne doit rien au hasard. En effet, l'argument régulièrement employé pour expliquer l'absence de reprise en deuxième division, consiste à rappeler que la D2 compte à la fois des joueuses sous contrat fédéral, mais aussi un plus grand nombre de joueuses sous statut amateur, notamment au sein des clubs qui ne sont pas adossés à des structures professionnelles masculines.

Des disparités qui sont par exemple apparues à l'automne, lorsque la FFF a annoncé que les joueuses sous contrat fédéral pouvaient reprendre les entraînements collectifs, avec même la possibilité d'inclure des joueuses sous statut amateur, tant qu'elles représentaient moins de la moitié du groupe d'entraînement.

=> D2 : Une reprise des entraînements possible, mais à géométrie variable

Une décision qui avait été critiquée, mais qui n'a finalement pas été suivie d'une reprise rapide des compétitions en décembre ou janvier, scénario envisagé au départ par la fédération.

 

Quels critères pour justifier la reprise ?

Les 14 clubs signataires proposent des arguments pour justement faire pencher la balance en faveur de cette reconnaissance de « compétition de Haut-Niveau ». Parmi eux, le grand nombre d'entraînements (« 4 à 8 fois par semaine »), la présence « d'internationales » dans leur rang, et qui pour « certaines préparent les J.O de Tokyo ». C'est le cas des joueuses camerounaises qui joueront leur qualification en avril prochain face au Chili.

Le communiqué insiste également sur le rôle d'antichambre de l'élite jouée par la D2, mais aussi dans la formation des jeunes. De leur point de vue, cet arrêt des compétitions participe, par ailleurs, à freiner le processus de « professionnalisation de leurs structures ».

La D2 française en sommeil alors que les situations varient chez nos voisins. En Allemagne, la deuxième division est également à l'arrêt depuis l'automne, alors que la saison se poursuit en Italie, pays où la troisième division (Serie C) a aussi repris récemment, au mois de janvier, après un arrêt en octobre dernier.

En Espagne et en Angleterre, la professionnalisation amorcée de la deuxième division féminine a amené logiquement les deux fédérations à maintenir les compétitions (Reto Iberdrola et Championship) à cet échelon du championnat.

 

Le spectre d'une saison blanche

Le communiqué avance également l'idée d'une nécessaire « équité entre les sports » (citant les exemples du handball et du basket féminin) mais aussi l'« égalité Homme-Femme » au sein du football français. De fait, la gestion des compétitions en France, notamment en cette période de pandémie, a tiré un trait d'égalité entre la D1 et le National 1 (troisième division masculine), qui correspondent au plus niveau de compétition géré par la FFF, la Ligue 1 et la Ligue 2 masculine étant sous l'égide de la LFP.

De fait, une éventuelle reprise de la D2 se pose en miroir d'une possible relance du National 2, soit la quatrième division masculine. Reprendre en N2, et laisser la D2 de côté contribuerait à accroître ce sentiment d'inégalité, quand bien même les situations seraient différentes dans ces deux championnats.

C'est l'une des questions qui se posent pour le Comité Exécutif de la FFF, censé se réunir jeudi, notamment pour évoquer ces sujets. Au-delà des revendications exprimées par les clubs de D2, l'actuel président de la FFF Noël Le Graët, a récemment estimé qu'une reprise des championnats serait difficile à envisager si elle devait intervenir au-delà de la mi-mars. Ne pas annoncer une reprise de la D2 cette semaine reviendrait en partie à faire un pas vers un tel scénario.

Hichem Djemai