Le 29 juillet dernier, l’ASJ Soyaux annonçait la signature de Samantha Johnson, joueuse américaine de 30 ans, arrivée en France après avoir évolué dans les championnats australien (W-League) et étasunien (NWSL). Depuis, elle n’a joué qu’un seul match en D1, au mois de septembre face au PSG.

Cette seule apparition pourrait bien être sa première et dernière dans le championnat français. Le 15 octobre dernier, le site américain Girls Soccer Network publiait une lettre ouverte signée par Samantha Johnson, dans laquelle la défenseure étasunienne se montre particulièrement amère sur son expérience avec le club de Charente.

 

Une colocation source de conflits

Le courrier semble laisser peu de doutes sur l’avenir de Sam Johnson qui évoque « une dernière goutte d’eau [qui a fait déborder le vase] » lorsque « le président du club », Benoit Letapissier et « son entraîneur », Dragan Cvetkovic se seraient présentés à l’appartement où elle résidait à Soyaux, lui demandant de quitter les lieux, alors que Sam Johnson était censée y habiter « pendant l’ensemble de la saison ».

L’appartement en question est celui du président de l’ASJ Soyaux, et que Samantha Johnson partageait donc temporairement avec la fille de Benoit Letapissier. Un imbroglio qui pourrait sembler surréaliste, mais qui, selon Samantha Johnson, est venu s’ajouter à d’autres constats faits sur le quotidien du club.

 

Un suivi médical pas à la hauteur

Elle pointe notamment la faiblesse du suivi médical au sein du club, illustrée selon elle, par l’absence d’examen médical complet. Elle explique notamment avoir dû faire elle-même la démarche pour demander la réalisation d’un électrocardiogramme (examen du cœur), qui selon elle devrait être « normalement effectué avant qu’une joueuse ne puisse débuter les entraînements avec sa nouvelle équipe ».

Elle évoque également l’absence de staff médical au moment des entraînements, et cite l’exemple d’une joueuse sojaldicienne blessée aux ligaments croisés et, pour laquelle, il n’y avait alors « personne pour répondre à ses besoins » en terme de soins. Dans cette lettre ouverte, Samantha Johnson s’inquiète de l’absence « d’assurance maladie » fournie par le club, un élément, selon elle, « particulièrement important pour les athlètes professionnels qui utilisent leurs corps pour travailler ».

 

Un problème global ?

Des aspects qui pourraient donc participer à couper court à son expérience en France, après avoir sauté sur l’opportunité de venir en jouer en D1, qu’elle considère comme l’un de meilleurs championnats au niveau international. Pourtant, Samantha Johnson ne cible pas spécifiquement la France, estimant que ces formes « systémiques de négligence dans le sport féminin » correspondent également à ce qu’elle a pu constater aux États-Unis, où le problème serait « endémique ». Elle estime qu’il s’agit « d’une maladie globale ».

Du haut de ses 30 ans, elle explique que l’essentiel réside dans le fait que « la prochaine génération ne se retrouve pas à vivre la même expérience », que la situation « s’améliore pour les joueuses qui viendront » après elle. Un pavé dans la mare ou une pierre apportée à un futur édifice...

Édifiant, le témoignage de Samantha Johnson rappelle que la D1 française n’est pas à ce jour un championnat professionnel. En son sein, cohabitent des structures professionnelles ou sous statut amateur, et des joueuses d’une même équipe, qui peuvent également disposer de statuts variables, professionnelles (sous contrat fédéral), semi-pros, ou amatrices.

 

Photo: Yahoo Sport

Hichem Djemai