Après sa participation en 2012 et 2016, l’équipe de France n’ira pas à Tokyo en 2020 pour les Jeux Olympiques. Une non-qualification liée à la défaite en quarts de finale de la Coupe du Monde face aux États-Unis, et qui a relancé les débats sur un système de qualifications peu adapté pour les équipes européennes. Explications.
Après l’élimination de l’équipe de France en quart de finale de la Coupe du Monde, la déception a été double pour les Bleues et ses supporters. C’est d’abord un Mondial à domicile qui s’arrête loin du titre mais également une qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo qui s’envole. Une situation liée au choix de l’UEFA d’attribuer les places de l’Europe pour les Jeux en fonction des résultats en Coupe de Monde et non avec une phase de qualification spécifique.
Quand le reste du monde arbitre les qualifications européennes
Ce mécanisme a été critiqué ces derniers jours, en partie parce qu’il prive la France d’une place aux Jeux, mais aussi parce que la qualification d’une équipe européenne pour les Jeux Olympiques peut dépendre de résultats face à une sélection issue d’une autre confédération.
C’est le cas par exemple de l’Espagne, éliminée en huitième de finale face aux États-Unis ou de la France également sortie par les championnes du monde américaines. Lors de la Coupe du Monde 2015, l’équipe de France s’était qualifiée pour les Jeux Olympiques de Rio (2016) en ayant battu une seule équipe européenne, l’Angleterre, en phase de groupes.
Cette situation a été particulièrement criante cette année avec sept équipes européennes présentes en quarts de finale. Il fallait donc intégrer le dernier carré, voire obtenir une place sur le podium du Mondial pour espérer participer aux Jeux de Tokyo.
L’Europe est aujourd’hui un cas à part puisque toutes les autres confédérations font le choix soit d’organiser un tournoi spécifique de qualification, soit de faire dépendre la qualification des résultats sur la scène continentale. C’est le cas par exemple en Amérique du Sud où le Brésil représentera le sous-continent après sa victoire à la Copa América l’an dernier.
Le maintien de l’ancien système
Mais la zone UEFA n’a pas toujours été une exception, puisque pour les deux premiers tournois olympiques de football féminin (1996 et 2000), ce sont les sept meilleures équipes du Mondial précédent qui étaient automatiquement qualifiées pour les Jeux. À partir de 2004, les tournois de qualification apparaissent, alors que l’Europe est restée sur la même logique.
Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’Abby Wambach se soit positionnée cette semaine sur le sujet via Twitter. Avant de « priver » la France de J.O vendredi au Parc des Princes, les États-Unis avaient sorti la Norvège en quart de finale du Mondial 2003 avec un but d’Abby Wambach. La Norvège était alors championne olympique en titre, mais son élimination avant le dernier carré, la privait alors de la possibilité de défendre son titre en 2004 à Athènes.
L’an prochain au Japon, ce sont la Suède, les Pays-Bas et la Grande Bretagne qui représenteront l’Europe. La Grande Bretagne, cas autrement particulier, puisque les Jeux Olympiques concernent les états, ce qui impliquent que les 4 pays du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) se mettent d’accord, ce qui n’a pas souvent été possible comme en attestent les échecs des négociations pour 2008 et 2016, alors que l’Angleterre avait obtenu le billet qualificatif…
Bousculer le calendrier
Comment un tournoi de qualification olympique pourrait-il remplacer ce système ? La proposition qui est revenue ces derniers jours serait que les équipes qualifiées pour le Mondial (neuf cette année avec la France en pays-hôte) se rencontrent dans un tournoi de qualification spécifique avant les Jeux Olympiques, comme dans les autres confédérations
En terme de calendrier, cela pourrait impliquer par exemple de les jouer au moment habituellement occupé par les tournois de l’Algarve et de la Cyprus Cup, fin février – début mars. Avec neuf équipes (8 + la France, pays-hôte), cela pourrait prendre la forme de 3 groupes de 3 équipes, avec les 3 premiers qualifiées pour les play-offs + le meilleur deuxième. Les équipes vainqueures des « demi-finales » seraient qualifiées + un match pour la « troisième place » qui permettrait de déterminer la troisième équipe qualifiée pour les Jeux.
Dans un cas de figure à huit équipes, cela impliquerait de jouer 5 matches au lieu de 4 dans le précédent scénario, ce qui rend cette compétition plus difficile à faire tenir sur une seule trêve internationale, d’autant plus au printemps où se joue les derniers tours de la Champions League.
Il pourrait par exemple y avoir deux groupes de 4, puis des demi-finales et un match pour la troisième place qui permette de déterminer le troisième qualifié. Un mode de fonctionnement qui se rapprocherait de se qui se passe dans la zone CONCACAF (Amérique du Nord, Centrale et Caraïbes), alors que l’Asie joue la qualification via un mini-championnat réunissant six équipes.
L’Europe face à ses spécificités
Des alternatives existent donc en s’inspirant de ce qui fait ailleurs, même si la principale difficulté reste la proximité de l’Euro qui se joue systématiquement l’année suivante des Jeux Olympiques. Un calendrier qui contraste avec d’autres confédérations comme l’AFC (Asie), la CONMEBOL (Amérique du Sud) où la CONCACAF, pour lesquelles les compétitions continentales ont lieu l’année précédent une Coupe du Monde, ce qui permet d’en faire des tournois qualificatifs pour le Mondial, à l’inverse de l’Euro.
L’UEFA fera t-elle le choix de s’engager dans une telle évolution ? Une éventualité qui reste malgré tout complexe alors que les compétitions de clubs connaissent un développement significatif, entre l’importance grandissante de la Ligue des Championnes, et une amorce de professionnalisation engagée pour un nombre croissant de clubs et de championnats. Une réalité qui pourrait laisser peu de place pour un tournoi de qualification olympique, ce qui semblerait pourtant la solution la plus juste pour les équipes européennes.
Photo: Getty Images / FIFA
Hichem Djemai