L'Olympique Lyonnais a remporté la Coupe de France face au Paris Saint-Germain au terme de la séance de tirs-aux-buts (7-6). Au stade de la Rabinne de Vannes, les deux équipes étaient à égalité au coup de sifflet final (1-1) et ont mis du temps à se départager avant que Méline Gérard puis Ada Hegerberg ne fasse basculer définitivement la séance de tirs-aux-buts en faveur de Lyonnaises. C'est la neuvième Coupe de France pour Lyon, et le sixième doublé Coupe-Championnat d'affilée.
Oublier le Parc OL
Le piège semblait tendu. Après une victoire aisée la semaine dernière au Parc OL face à cette même équipe du PSG, on se doutait que la tâche ne serait pas facile pour les joueuses de Gérard Prêcheur. Paris a travaillé pendant la semaine, avec retour vidéo et volonté de combler tous les espaces qui s'étaient ouverts dans le Rhône, samedi dernier.
Patrice Lair avait parlé d'un « match laboratoire » pour pouvoir aborder ces finales avec le maximum d'éléments sur comment contrer cette équipe lyonnaise qui restait largement favorite avant ce match forte d'une expérience de ces finales, qu'elles ont systématiquement remporté ces cinq dernières années.
Sur le terrain du stade de la Rabine, les changements par rapport au match de samedi était à chercher du côté lyonnais. Elodie Thomis a remplacé Alex Morgan blessée et Kadeisha Buchanan a pris la place de Jessica Houara. Buchanan positionnée en défense centrale, tandis que Griedge Mbock a occupé la position de latérale droite.
Gérard Prêcheur a fait évolué son équipe en 4-3-3 tandis que Patrice Lair a fait lui évolué son équipe avec une défense à cinq (trois défenseures centrales, Lawrence et Perisset sur les côtés). Du côté de Paris, la titularisation d'Eve Perisset est le seul changement dans le onze par rapport à samedi dernier.
Savoir être « méchante »
Avant le match, Patrice Lair avait parlé de la « méchanceté » qu'il voulait voir chez ses joueuses et arrêter de se « faire marcher dessus » par les Lyonnaises. On a retrouvé un peu de cette méchanceté en début de match, plus d'agressivité dans les duels, des interventions rugueuses, parfois à la limite, comme Laura Georges dans son duel avec Eugénie Le Sommer. On a vu des joueuses lyonnaises perturbées par cette attitude des Parisiennes, réclamant des fautes auprès de l'arbitre, qui a souvent laissé jouer.
Ce défi physique a empêché l'équipe lyonnaise de poser et d'organiser son jeu. Pourtant Paris subit, rend coup pour coup mais reste à la merci d'une fulgurance lyonnaise et notamment d'Eugénie Le Sommer qui a semblé à nouveau affûtée sur ce début de match. Mais la fulgurance, elle est venue du camp parisien et de Cristiane en particulier. En dedans au Parc OL, multipliant les fautes techniques, Cristiane a rappelé en une action qu'elle restait l'une des meilleures attaquantes du monde.
Suite à un corner lyonnais, le ballon est dégagé par Grace Geyoro. Le ballon prend la direction du camp lyonnais et Cristiane vient disputer le ballon à la course avec Amel Majri. Cristiane parvient à prendre de vitesse la latérale lyonnaise. Ele contrôle ensuite le ballon et aux abords de la surface, revient sur son pied gauche et place une frappe enveloppée qui finit dans la lucarne opposée, hors de portée de Méline Gérard (7e).
Lyon évite la tourmente
Un but magnifique et qui rappelle dans un style différent celui inscrit par Marie-Laure Delie en décembre dernier aux Camp des Loges. Il rappelle surtout ce que doit faire Paris pour marquer face à Lyon : une action ou geste hors du commun. Sans être assommé, Lyon tarde à réagir.
Hormis une combinaison entre Amel Majri et Camille Abily côté gauche, le jeu de l'OL ne parvient pas à se déployer. Les longs ballons sont bien lues par la défense parisienne et Marozsan ne parvient pas à rayonner derrière les attaquantes bien cadrées par le milieu de terrain parisien et Formiga en particulier. Passée la première demi-heure, on se demande si Paris n'a pas réussi à désarçonner Lyon, au moins jusqu'à la pause.
Pourtant, Lyon n'attendra pour revenir. Sur un corner obtenu par Eugénie Le Sommer, Marozsan envoie le ballon dans la surface mais l'arbitre de la rencontre désigne le point de penalty avant que le cuir ne touche terre. En cause, une faute de Shirley Cruz qui ceinture Eugénie Le Sommer dans la surface. Comme souvent, la tâche est confiée à Saki Kumagai qui parvient à marquer malgré la sortie de Kiedrzynek qui dévie le ballon mais ne peut l'empêcher d'aller au fond (34e).
Lyon revient au score tôt dans le match et s'évite des doutes pour la suite de la rencontre. Pour Paris, les quelques frappes en fin de période ne sont pas cadrées et ne permettent donc pas de reprendre l'avantage avant le retour aux vestiaires.
Kiedrzynek, un solide dernier rempart
Après la pause, on retrouve le schéma de la fin de la première mi-temps avec un bloc parisien assez bas, retranché dans son camp, même si les joueuses de Patrice Lair viennent presser plus haut par moments. Sur l'une de ces séquences où Paris vient chercher l'OL, le PSG est proche de se faire piéger. Un ballon récupéré au milieu de terrain, et Marozsan avec un peu plus d'espaces a pu servir idéalement Thomis parvenue à partir dans le dos de Lawrence. Son centre trouve Ada Hegerberg au premier poteau qui vient tacler le ballon mais bute sur Kiedrzynek qui réalise une parade décisive (55e).
Les minutes qui suivent sont à l'avantage des Lyonnaises mais le danger reste limité : des centre-tirs d'Amel Majri dont un qui heurte le haut de la barre transversale (67e) et une frappe de Thomis (61e) juste au-dessus du cadre. Lyon insiste mais Paris a bien appris sa leçon. Solides, les joueuses parisiennes parviennent à contenir leurs adversaires. Au milieu, Shirley Cruz et Grace Geyoro sont remplacées par Vero Boquete et Aminata Diallo et prendre le relais dans le travail défensif.
Dans les arrêts de jeu, alors que Paris semble au bord de la rupture, Katarzyna Kiedrzynek réalise la sortie qu'il faut devant Wendie Renard, prête à reprendre un coup-franc lointain de Dzsenifer Marozsan (94e). Le match s'achève, et contrairement à la Champions League dans dix jours où les équipes peuvent jouer des prolongations, c'est la séance des tirs-aux-buts qui suit immédiatement les 90 minutes de jeu.
Lyon n'a plus peur des tirs-aux-buts
Une séance où les frappeuses s'enchaînent de chaque côté et réussissent parfaitement leur tâche. Jusqu'à Irene Paredes, cinquième joueuse parisienne à s'élancer. Sa frappe trop puissante s'envole au-dessus de la barre et donne une balle de match à Saki Kumagai. La joueuse japonaise prend Kiedrzynek à contre-pied mais sa frappe échoue sur le poteau gauche, et relance la séance de tirs aux buts.
Lyon n'a jamais gagné une finale de Coupe de France aux tirs-aux-buts, mais est parvenue à briser cette mauvaise série en remportant aux tirs-aux-buts la Champions League face au Wolfsburg. Une finale européenne où Ada Hegerberg avait manqué son tirs-aux-buts et cette fois-ci l'attaquante norvégienne n'a pas fait partie de la première série de joueuses à s'élancer. A six partout (6-6), c'est Ouleymata Sarr qui s'élance pour le PSG. Un penalty mal assurée que Méline Gérard parvient à repousser sur sa droite et c'est donc Ada Hegerberg qui a l'occasion de donner la victoire aux siennes.
Une frappe en force sous la barre transversale, et sur laquelle Kiedrzynek est complètement battue. Les joueuses lyonnaises laissent éclater leur joie en parvenant à remporter ce trophée au bout du suspense. Une victoire difficile qui donne d'autant plus de saveur à cette Coupe de France qui revient pour la neuvième fois en seize ans à une équipe lyonnaise.
Sur le plan psychologique, on se demande évidemment quel effet aura ce match en vue du troisième acte, le 1er juin prochain avec la finale de la Ligue des Championnes à Cardiff, toujours entre les deux équipes. Des Parisiennes décomplexées par leur match de ce soir, et de leur capacité à tenir tête l'OL dans un match couperet mais en même temps la déception qui peut priver les joueuses de Patrice Lair d'une partie de leur lucidité. Il est certain qu'il faudra un grand match pour empêcher les Lyonnaises de réaliser un nouveau triplé.
Hichem Djemai