L'ESOF, le club de La Roche-sur-Yon a créé la surprise en s'imposant sur sa pelouse face aux Girondines de Bordeaux. Un succès 2-0 pour les joueuses de Malika Bousseau qui rejoignent les huitièmes-de-finale de la Coupe de France après avoir buté deux années de suite en seizièmes face à... Bordeaux.
Même sur le papier, ce match semblait indécis. Malgré une division d'écart entre les deux équipes, La Roche pouvait raisonnablement espérer bousculer la hiérarchie. Le club de Vendée était d'ailleurs la saison dernière un des pensionnaires de l'élite, alors que les Bordelaises évoluaient en D2. Les deux équipes s'étaient alors croisées en Coupe, avec une victoire bordelaise 2-1 grâce à deux buts dans les arrêts de jeu de Sabrina Barbe qui évolue désormais à Albi.
Dans « l'ancien système » à trois descentes, Bordeaux serait aujourd'hui dans la position de premier relégable qui était celle de la Roche-sur-Yon l'an dernier. Même si elles ont longtemps espéré pouvoir rester en D1, la descente a été au bout du chemin avec plusieurs départs et arrêts qui ont changé le visage de l'équipe. Clara Matéo, Élodie Nakkach, Océane Ollivier ou Romane Bruneau, autant de titulaires qui ont quitté l'ESOF à l'intersaison.
Une descente qu'il a fallu digérer
Aujourd'hui en D2, La Roche-sur-Yon a connu des premières semaines difficiles avec quatre victoires et autant de défaites sur le début de saison. Mais depuis le mois de novembre, La Roche ne perd plus, cinq succès en championnat dont une victoire face au LOSC, leader du groupe A de D2 et deux tours aisément effacés en Coupe. Une série qui remet même à l'ordre du jour la possibilité d'une montée en D1. Mais avant toute chose, la Coupe était l'occasion de se mesurer dès maintenant aux équipes de l'étage du dessus.
En début de match, cette marche entre la D1 et la D2 se ressent rapidement avec une équipe bordelaise qui prend le jeu à son compte. Une emprise qui passe beaucoup par des courses sur les côtés par Juliette Loumagne et Andréa Lardez qui tente de prendre de vitesse les latérales de l'ESOF. A la 9e minute, c'est sur l'une de ces accélérations que la première situation favorable pour Bordeaux se dessine. Trouvée côté gauche, Juliette Loumagne parvient ensuite à remettre le ballon dans la surface vers Andréa Lardez qui peut frapper au but.
Constance Picaud la gardienne yonnaise s'interpose et détourne le ballon en corner. Une première alerte suivie de plusieurs situations favorables mais où à chaque fois, Bordeaux ne peut aller au bout. C'est d'abord un coup-franc lointain de Sarah Cambot directement dans les gants de Constance Picaud (14e). Puis c'est Pauline Dhaeyer qui réalise une intervention décisive dans la surface devant Andréa Lardez alors qu'elle partait au but (16e).
Tenir jusqu'à la pause
Emmanuelle Lacroix viendra ensuite placer un coup-franc juste au-dessus de la barre transversale vendéenne à la 24e minute. Bordeaux ne concrétise pas, mais la pression girondine met La Roche-sur-Yon, en témoigne cette action où Adeline Coudrin tente de réaliser une passe en retrait vers sa gardienne, mais Sarah Cambot est déjà prête à intercepter le ballon et aller au but. L'ESOF se voit sauver par l'arbitre sur cette action qui siffle un hors-jeu, a priori imaginaire.
L'ESOF laisse passer l'orage et progressivement parvient à faire face aux accélérations constantes des attaquantes bordelaises. C'est d'ailleurs La Roche-sur-Yon qui a la situation la plus favorable de la première période, avec Adeline Coudrin, trouvée dans la surface dans le dos de la défense (43e). Toute proche d'ouvrir le score, elle bute sur Alizée Nadal qui parvient à détourner le ballon en corner.
Le premier acte s'achève sur une dernière frappe de Sarah Cambot qui passe tout proche de la lucarne gauche (45e), et la Roche peut rentrer aux vestiaires avec le sentiment d'avoir laissé passer l'orage. Après la pause, La Roche-sur-Yon semble moins sur ses gardes et se montre plus volontaire pour presser dans le camp adverse, aller chercher les girondines plus haut sur le terrain.
A la 47e minute, Maureen Cosson n'est pas loin de tromper Alizée Nadal sur un corner direct qui passe juste au-dessus du but bordelais. Pourtant, les pensionnaires de D1 restent à l'affût des espaces laissées par la défense yonnaise. Juliette Loumagne, parvient à s'échapper et partir au but mais Candice Picaud réalise une intervention décisive dans les pieds de l'attaquante bordelaise (52e).
La Roche a saisi sa chance
Mais passée l'heure de jeu, le match change clairement de physionomie. Les meilleures intentions de La Roche pousse aussi les Bordelaises à la faute. Chloé Billaud rend le ballon aux joueuses de l'ESOF aux abords de sa surface et Charlotte Lemarchand tente ensuite une frappe qui passe tout proche du poteau droit bordelais (61e). Dans la foulée, Julie Pasquereau est toute proche de trouver Charlotte Peslerbe mais son centre passe au-dessus de sa coéquipière.
Bordeaux secoué, et surtout qui ne parvient plus à mettre en danger l'équipe vendéenne. C'est dans cette séquence qu'arrive le premier but de La Roche, avec l'aide d'une nouvelle entrante. A la 67e minute, Lisa Fragoli remplace la capitaine Aline Liaigre et vient se placer dans le couloir droit. Peu après sa rentrée, elle parvient à déborder dans son couloir pour ensuite centre dans la surface. Le ballon revient finalement dans les pieds de Julie Pasquereau qui parvient à se mettre en position de frappe et tromper Alizée Nadal (70e).
Une ouverture du score qui vient secouer un peu plus une équipe bordelaise qui tente désespérément d'élever encore le rythme de la rencontre, avec notamment l'entrée de Cindy Ferreira, positionnée côté droit. Mais le mal semble fait, et les joueuses de la Roche enfin libérée. Symbole de cette fin de match, cette frappe sans complexe de Lisa Fragoli aux 20 mètres et qu'Alizée Nadal capte finalement en deux temps (80e).
Quelques instants plus tard, c'est le coup de grâce. Mélanie Roux parvient à trouver Laurie Teinturier dans le dos de la défense côté gauche. La numéro 10 yonnaise parvient ensuite à adresser un centre parfait vers Charlotte Peslerbe qui conclue à l'entrée des six mètres, et permet aux joueuses de l'ESOF de se mettre à l'abri (84e).
Une victoire qui semble alors assurée malgré cette demi-volée de Chloé Billaud à la 89e minute suite à un corner et qui passe tout proche du poteau gauche de Candice Picaud. Au coup de sifflet, la joie est bien sûre immense pour les joueuses de l'ESOF qui se sont offertes une qualification en huitièmes, une première depuis quatre ans, mais aussi un petit air de D1. Une élite qu'elles ont pour certaines quitté la saison dernière, mais qui n'est finalement pas si loin au vue de leur performance collective cet après-midi.
photo en une: Laurent Gelot/Ouest France
Hichem Djemai