C’est un effet inattendu de la situation sanitaire sur le calendrier international du football féminin. Toutes les compétitions continentales vont avoir lieu en 2022, un an avant la Coupe du Monde 2023 qui se déroulera en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cet alignement des planètes est notamment dû au report de l’Euro, décalé de 2021 à l’été 2022.
Alors que les meilleures équipes européennes se disputeront le titre en Angleterre au mois de juillet prochain, la Coupe d’Afrique des Nations se déroulera en parallèle au Maroc, la Copa América en Colombie, la Coupe de la CONCACAF (Amériques Centrale, du Nord et Caraïbes) au Mexique. La Coupe d’Océanie des Nations se déroulera également au mois de juillet prochain.
Honneur à l’Asie
L’Asie se distingue avec une compétition continentale qui débute ce jeudi 20 janvier en Inde, et se conclura le 6 février prochain à Navi Mumbai (Nouvelle Bombay). Cette Coupe d’Asie des Nations réunit les 12 meilleures équipes du moment en Asie, en incluant l’Australie qui fait partie de la Confédération Asiatique de Football (AFC) depuis une quinzaine d’années.
Quatre ans après la victoire des Nadeshiko japonaises en Jordanie, la compétition a donc été élargie, passant de huit à douze équipes en phase finale. Un élargissement qui se traduit également dans le nombre de sélections qui ont participé aux qualifications de cette Coupe d’Asie des Nations.
Un total de 24 équipes ont pris part à la phase éliminatoire, en y ajoutant les quatre équipes directement qualifiées (Inde, Japon, Australie, Chine). Un chiffre en hausse malgré les retraits de plusieurs sélections, d’abord justifiées par des raisons sanitaires (Corée du Nord, Irak ou Turkménistan) mais aussi avec la situation particulière de l’Afghanistan. Le retour des Talibans au pouvoir en août dernier avait provoqué la fuite vers l’étranger d’un grand nombre d’internationales afghanes.
Ce chiffre en progression reste pourtant à mettre en perspective dans une confédération qui compte 47 membres, et donc 19 pays qui n’ont pas pris part sur le terrain à cette édition 2022 de la Coupe d’Asie.
Nouvelles ambitions pour le football indien
L’organisation de cette Coupe d’Asie par l’Inde n’est également pas un détail anodin. Dans un pays où le cricket reste le sport roi, le football a connu un regain d’intérêt ces dernières années, avec la création de nouvelles compétitions professionnelles chez les hommes (Indian Super League), puis chez les femmes (Indian Women League) à partir de 2017.
Cela s’est également traduit par une volonté d’accueillir des compétitions internationales majeures, avec d’abord la Coupe du Monde U17 chez les garçons en 2017. La Coupe du Monde U17 féminine est programmée à l’automne en Inde. Elle a déjà été repoussée à plusieurs reprises en raison de la situation sanitaire, après avoir été initialement programmée en 2020.
En Coupe d’Asie des Nations, l’organisation de la compétition permet aux joueuses indiennes d’apparaître en phase finale pour la première fois depuis 2003, après avoir été finaliste de l’épreuve dans un plus lointain passé (notamment en 1980, lorsque l’Inde avait accueilli une première fois la compétition).
L’Iran, nouvelle venue en phase finale
Autre symbole de cet élargissement, la présence de la sélection iranienne, qualifiée pour sa première phase finale continentale. Une participation qui intervient dans un pays où la place des femmes dans le monde du football et du sport en général reste un sujet sensible. En témoigne, le combat mené en Iran pour permettre aux femmes de pouvoir assister aux compétitions masculines, notamment pour les matches de football. Cela reste aujourd’hui une exception, avec plusieurs drames qui ont donné une visibilité internationale à cette situation.
La présence de l’Iran intervient alors qu’un autre pays de la région, l’Arabie Saoudite, vient seulement de mettre sur pied son équipe nationale. Un an après avoir lancé un championnat national dans le royaume, la sélection saoudienne a connu ses premières sessions d’entraînement à l’automne 2021, et espère désormais disputer son premier match officiel dans les prochaines semaines.
Avec des pays musulmans surreprésentés parmi les nations qui n’ont pas pris part à cette Coupe d’Asie 2022, la qualification de l’Indonésie est également un signal positif, de retour en phase finale plus de trente ans après sa dernière participation en 1989.
Un continent asiatique qui reste donc à conquérir pour le football féminin, alors que l’AFC tente également de mettre progressivement en place une Ligue des Championnes en Asie. Une initiative partiellement retardée par le contexte pandémique, avec de premières compétitions continentales qui n’ont réuni qu’un nombre limité de clubs lors des deux premières éditions.
La rampe de lancement idéale pour l’Australie ?
Sur le plan sportif, les enjeux sont doubles entre un titre continental à aller chercher, et six places qualificatives pour la Coupe du Monde 2023. Co-organisatrice du Mondial 2023, l’Australie se voit automatiquement attribué l’un de ces six billets, alors qu’une équipe asiatique supplémentaire aura l’occasion de se qualifier pour la prochaine Coupe du Monde.
Derrière les habitués, comme la Chine, le Japon, la Corée du Sud et même la Thaïlande présente aux deux dernières coupes du monde, d’autres équipes auront donc la possibilité de faire partie des 32 sélections retenues pour le Mondial 2023.
Pour le titre final, l’Australie et le Japon apparaissent comme les principaux favoris. Les deux équipes se sont partagées les trois derniers trophées dans la compétition, le Japon ayant remporté les deux dernières finales de Coupe d’Asie (2014 et 2018) face aux Matildas australiennes.
Cette année, l’avantage semble pourtant en faveur de l’Australie, après sa demi-finale lors des derniers Jeux Olympiques de Tokyo, la meilleure performance des Matildas à ce jour dans un tournoi international. À domicile, les résultats ont été plus décevants pour le Japon, sorti en quart par la Suède, entraînant notamment le départ d’Asako Takakura, la sélectionneuse des Nadeshiko, limogée à l’issue du tournoi olympique.
Un prestige à reconquérir
La montée en puissance de l’Australie intervient dans un contexte où les résultats ont été plus décevants pour les équipes nationales asiatiques dans les derniers tournois majeurs, notamment lors de la Coupe du Monde 2019. Un Mondial en France qui avait débouché sur des résultats exceptionnels pour les équipes européennes, comment la donne évoluera-t-elle d’ici juillet 2023 ?
Une compétition à suivre, alors qu’elle aura également un impact en Europe, parmi les clubs qui comptent des internationales engagées dans le tournoi. C’est notamment le cas d’Arsenal en Angleterre qui voit partir trois joueuses australiennes (Lydia Williams, Steph Catley et Caitlin Foord) ainsi que son attaquante japonaise Mana Iwabuchi.
En D1, l’Olympique Lyonnais va se passer d’Ellie Carpenter, alors que Montpellier perd Mary Fowler pour quelques semaines, les deux joueuses sélectionnées par Tony Gustavsson avec l’équipe d’Australie. Le championnat anglais reste le plus impacté sur le continent, avec 16 joueuses retenues pour cette Coupe d’Asie des Nations.
La compétition est désormais prête à démarrer avec une première phase de groupes, et des sélections réparties en trois poules de quatre équipes. Les deux premiers de chaque groupe et les deux meilleures troisièmes se retrouveront ensuite en quart de finale, selon un format qui rappelle celui du tournoi olympique.
Coupe d’Asie des Nations 2022 (du 20 janvier au 6 février) – Le tableau du tournoi
Groupe A : Inde (pays organisateur), Chine, Taïwan, Iran
Groupe B : Australie, Thaïlande, Philippines, Indonésie
Groupe C : Japon (tenant du titre), Corée du Sud, Vietnam, Birmanie (Myanmar).
Finale le 6 février à Navi Mumbai (Nouveau Bombay)
Hichem Djemai
