Arrivé cette semaine à la tête du GPSO 92 Issy, Camillo Vaz a connu quelques turbulences - suite à l'annonce de son arrivée et sa prise de fonction - indépendantes de sa volonté. Le coach, passé par le PSG entre 2009 et 2012, n'en tient par rigueur aux joueuses et souhaite aujourd'hui se concentrer sur un projet solide et d'avenir avec les Chouettes, humblement et comme ambition première le maintien.
 

Coeurs de Foot - Comment avez-vous vécu cette situation, qui semble s'apaiser petit à petit ?

Camillo Vaz - Je ne vais pas relater un discours appris, mais je le répète souvent, la position n'est pas du tout confortable mais elle est plus confortable que beaucoup d'autres positions. 

Il ne s'agit pas de faire de la langue de bois, mais très sincèrement c'est une période de transition. Moi je suis un élément qui arrive dans cette période de transition et de rupture aussi. Je suis encore en phase d'écoute, de découverte, encore en phase d'observation.

 

CDF - Les dirigeants du club parlaient d'un passage "de relais" entre l'ancien coach (Yacine Guesmia) et vous, ils voulaient engager quelqu'un qui avait eu une expérience du haut niveau, donc au final c'est ça qui caractérise le plus votre arrivée ?

C. V. - Ce qui est compliqué dans cette situation-là, je l'ai dit aux filles aussi, c'est une "transition rupture", donc il y a vraiment une opposition dans les termes, mais c'est exactement ça. 

Dans cette transition-là, il y a du lien, il y a des choses qui sont très bonnes, avec des personnes avec qui ça se passe très bien, en ce qui me concerne avec les filles ça se passe très bien, il y a un très bon contact. 

Maintenant il y a une vraie rupture aussi. Je garde ma place vis-à-vis de cette rupture, parce qu'elle concerne un passé dans lequel je n'étais pas. Il est préférable pour moi d'observer, de comprendre, d'être à l'écoute, d'amener des choses quand je peux les amener et puis de toute façon je n'ai pas une personnalité de révolutionnaire, par contre une fois que sera passée ma période d'observation, effectivement je pense ça se passera [mieux], mais pour l'instant c'est transition.

 

CDF - Justement vous avez fait 3 saisons avec le PSG (2009-2012), une période où l'équipe féminine est montée en puissance crescendo avant l'arrivée des Qataris, qui ont ajouté des moyens par la suite. Est-ce que c'est le club ou vous qui avait postulé pour le poste au GPSO pour ce passage de relais ?

C. V. - Non non de toute façon si j'avais postulé sur quoi que ce soit, ça se serait su. Si j'avais été d'une personnalité à enfoncer des portes ou à jouer des coudes, j'aurai retrouvé un projet depuis de nombreuses années, avec toute humilité, donc aujourd'hui bien entendu que non [ce n'est pas moi qui a postulé au poste], ça me parait évident. Ce n'est pas du tout de ma personnalité de le faire ainsi, donc je vous confirme que non.

 

CDF - Quand avez-vous eu la demande ?

C. V. - C'est une démarche qui est interne au club, mais c'est très très récent, extrêmement récent.

 

CDF - Aujourd'hui comment ça se passe au sein du groupe ? Est-ce que vous vous attendiez à une meilleure situation de départ ?

C. V. - Sincèrement avec ma petite expérience je me projette sur ce que je peux faire, et ce que je vois. Je garde une position avec des attentes, des attentes mesurées, et je vous dis une fois que ma phase personnelle d'observation, de prise de repères sera effectuée, on avancera [sur le projet]. Là aujourd'hui il y a des choses qui sont latentes, qui sont de l'histoire de ce groupe-là [avant mon arrivée], l'histoire de ce coach [Yacine Guesmia], qui a bossé et qui est de toute façon quelqu'un d'hyper intéressant sportivement et humainement, je n'ai eu aucun soucis et c'est réciproque [de son côté également]. 

C'est évident que toutes les transitions sont compliquées. Moi je ne peux juger que sur ce que je vais vivre aujourd'hui avec ce groupe et ce que je vivrais demain. Sur ce qui s'est passé avant, je ne veux pas me défausser mais c'est presque pas mon histoire. C'est peut-être pour ça aussi que ça se passe aussi bien avec le groupe aujourd'hui, et avec les filles malgré ce que je peux lire à droite et à gauche.

 

CDF - Nous avons lu la lettre des joueuses à l'attention des dirigeants et dans leurs premiers paragraphes elles parlent de vous justement ("Nous voulons bien évidemment vous faire comprendre que ce n'est en aucun cas contre vous Monsieur Vaz, nous ne remettons en aucun cas vos compétences ou votre expérience en question [...], ndlr). On sent que pour elles aussi vous êtes là pour les aider à progresser et pas du tout pour piquer la place de quelqu'un ?

C. V. - Déjà d'une, et de deux j'ai presque envie de vous dire, que égoïstement je ne leur en tiens pas rigueur non plus. Moi je ne fais pas la chasse aux sorcières et je ne la ferais pas. Le discours est très neutre et très droit par rapport à cela, en ce qui me concerne. 

 

CDF - Aujourd'hui vous rejoignez un club qui est dans une très mauvaise position au classement (11e sur 12 clubs). Quand on sait que Sébastien Joseph de Soyaux avait choisi de lui-même de quitter le club, car il trouvait que la gestion des dirigeants n'étaient pas à la hauteur, tandis qu'au Havre, Thierry Uvenard a été démis d'un commun accord suite à des résultats négatifs, et de votre côté vous rejoignez un club qui a également peu de moyens ? 

C. V. - (sourire) Ca se sont les dirigeants qui vous diront comment je suis arrivé, car c'est de leur volonté. 

Moi je réponds à des attentes, avec les moyens qu'on me donne et aujourd'hui je reste technicien à mon échelle, en essayant d'amener des choses qui manquent, que j'ai déjà vécu et qui pourront peut-être servir pour la transition.

 

CDF - Vous connaissez très bien Nonna Debonne dans ce groupe également ?

C. V. - Oui je connais trois joueuses, je connais très très bien Nonna Debonne, Cindy Thomas et Ella Kaabachi (toutes les trois sont passées par le PSG).

 

CDF - Est-ce que vous avez eu un contact déjà avec les joueuses et les bénévoles, par rapport à leurs réclamations peut-être ou comment va se passer la suite, parce qu'il y a le maintien à aller chercher ?

C. V. - Oui c'est la transition [actuellement]. On est toujours dans cette transition, c'est une transition qui prend du temps et comme je l'ai dit aux filles, il faudra prendre le temps que ça prend. Ce n'est pas du temps de perdu, je pense. Donc à partir de là, on est là-dedans.

 

CDF - Est-ce que le maintien vous y croyez fermement ? Avec un staff qui est resté le même.

C. V. - Oui bien sûr [le staff est le même]. Et oui on y croit au maintien, il faut absolument y croire.

 

CDF - Jusqu'à quand êtes-vous engagé avec le GPSO 92 Issy ? Jusqu'à l'année prochaine ?

C. V. - Ca je l'ai dit aux filles, mais ce n'est pas un élément que je donnerais à la presse... Mais les filles le savent, dans mon groupe tout va bien, tout se passe bien, j'ai l'impression.

 

CDF - Le match de ce samedi va se jouer donc ?

C. V. - Je n'en sais rien du tout (rires nerveux). Mais moi oui je serais dans des bonnes conditions pour bien travailler, mais est-ce qu'en retour les bénévoles, les filles, l'infrastructure [vont s'aligner ?] 

Je suis en transition, je découvre, ça fait quelques heures que j'ai les pieds dans le train, d'Issy-les-Moulineaux, je m'installe... On s'est entraîné avant-hier, elles ont fait leur musculation hier matin, on va essayer j'espère ce soir, demain, de mettre en place [notre animation et stratégie de jeu], mais je vous le dis, je reste [à ma place], il y a beaucoup de choses qui sont de leur histoire, et que je respecte, il sera grand temps de poser après les coudes sur la table.

 

Photo : Rozo Raymond

Dounia MESLI