Avant France-Islande, ce soir (20h45) à Tilburg, on passe en revue ces domaines où des questions restent posées pour les Bleues avant d'aborder la compétition. Des thèmes sur lesquels le staff de l'équipe de France a pu plancher ces derniers mois et qui pourraient faire la différence dans le parcours des Tricolores cet été aux Pays-Bas.
A l'amorce de cet Euro, l'équipe de France arrive aux Pays-Bas avec une étiquette de favorite que lui colle l'Europe de football. Une position difficile à assumer alors que les résultats dans les grands tournois ont été décevants ces derniers années. Troisième au classement FIFA, la France a connu une élimination en quarts-de-finale lors des trois derniers tournois majeurs qu'elle a disputé (Euro, Coupe du Monde et Jeux Olympiques).
Une infortune qui a poussé hier le sélectionneur tricolore à se montrer modeste sur le statut des Bleues à l'approche de ce premier match face à l'Islande. Pourtant les derniers mois ont confirmé la position des Bleues parmi les candidates au titre derrière l'éternelle favorite, l'Allemagne. La victoire des Tricolores lors de la She Believes Cup en mars dernier en a encore été la démonstration.
Ces attentes vont malgré tout avec une série de questions soulignées pendant la préparation du tournoi. Avec la question récurrente de l'efficacité devant le but, la blessure d'Amel Majri a également ajouté une difficulté sur le côté gauche. Tour d'horizon de ces enjeux qui se présentent face aux Bleues dans ce tournoi.
L’efficacité devant le but
C'est la question principale qui se posait à Olivier Echouafni lors de son arrivée à la tête des Bleues en septembre 2016. L'une des réponses a été l'intégration de Frédéric Née dans l'encadrement de la sélection pour travailler spécifiquement avec les attaquantes. Pour le moment, ce travail n'a pas fondamentalement changé l'une des difficultés des Bleues, à savoir être capables de concrétiser sur les temps fort, et prendre le large au score lorsqu'elles dominent la rencontre.
Un constat que l'on a retrouvé lors des deux matches de préparation, avec un premier match face à la Belgique où il a fallu attendre les dernières minutes de jeu pour voir les Tricolores faire le break (2-0). Face à la Norvège, c'est finalement Mjelde qui a permis aux Norvégiennes de revenir au score (1-1) en fin de rencontre sur l'une de leurs rares occasions du match.
A qui la responsabilité de marquer ? D'abord aux deux attaquantes de pointe, Eugénie Le Sommer et Marie-Laure Delie. Faut-il les associer en pointe ? Ou faire évoluer Le Sommer sur l'un des côtés comme elle peut le faire parfois en club avec Lyon. Deux registres différents mais deux joueuses qui ont su réaliser des saisons pleines en club et qui ont également marquer des points lors de la She Believes Cup, chacune décisive lors des deux victoires françaises face à l'Angleterre et les États-Unis.
Marquer c'est aussi des joueuses capables d'apporter le surnombre sur les côtés et venues du milieu de terrain, en profitant de la qualité de frappe de Camille Abily, Élise Bussaglia ou Amandine Henry. C'est également les coups de pied arrêtés, point fort de l'équipe de France ces derniers mois et qui reste un outil précieux pour débloquer des rencontres.
Le côté gauche : toujours un point fort ?
C'est un point fort qui pourrait se transformer en source d'inquiétude pour Olivier Echouafni. Avec la blessure d'Amel Majri, le sélectionneur tricolore perd une joueuse polyvalente capable d'évoluer en latérale, ailière, et en joueuse de couloir dans une organisation en 3-5-2. L'absence d'Amel Majri fait également peser plus de responsabilités sur Sakina Karchaoui et Eve Perisset, capable de jouer dans le même registre mais avec forcément moins d'expérience au niveau international.
On l'a vu lors des matches de préparation, les deux buts inscrits dans le jeu l'ont été avec des actions côté droit, sur des centres de Lavogez et Thomis. Un jeu qui penche à droite, c'est aussi le signe d'une Élodie Thomis revenue à son meilleure niveau et qui retrouve son influence dans le jeu offensif tricolore. Pourtant, le côté gauche doit rester une source de danger pour les défenses adverses. Parmi les solutions, Eugénie Le Sommer, Claire Lavogez ou encore jouer avec une seule joueuse de couloir avec une défense à trois.
Toutes ces options renvoient à la réflexion sur l'animation offensive des Bleues tout en gardant un équilibre et ne pas exposer les Tricolores face aux équipes qui joueront en contre. On l'a vu face à la Norvège ou l'Angleterre en She Believes Cup, les adversaires des Bleues parviennent à créer le danger dès lors qu'elles parviennent à perturber les premières relances françaises et récupérer le ballon dans le camp français ou au milieu avec des espaces.
Les joueuses sorties du banc
C'est l'un des aspects sur lesquels Olivier Echouafni avait également insisté, le rôle des joueuses sorties du banc, qui devront être capables de faire des différences en fin de match là où les rencontres peuvent définitivement basculer ou lorsqu'il faut conserver un avantage acquis. Parmi ces joueuses sorties du banc, Gaëtane Thiney a réalisé deux bonnes entrées face à la Norvège et la Belgique.
Dans un tournoi comme l'Euro, l'état de forme des joueuses est primordial alors que les matches s'enchaînent tous les quatre jours. Disposer d'un groupe où les joueuses qui entrent apportent autant que les titulaires est l'une des clés pour aller loin, d'autant que cela permet de faire tourner l'effectif entre les différentes rencontres et éviter les blessures.
Dépasser les automatismes de club
Avant l'Euro, des questions s'étaient posées sur la rivalité exacerbée entre Parisiennes et Lyonnaises avec une fin de saison où les deux clubs français se sont disputés trois titres dont la finale de Ligue des Championnes. Plus qu'une rivalité et des tensions qui pourraient subsister dans le groupe, l'important est peut-être de parler de la capacité du jeu tricolore à transcender les automatismes hérités des schémas de jeu utilisés en club.
Sur les deux buts marqués dans le jeu par les Bleues en match de préparation (Belgique, Norvège), on retrouve des actions « à la lyonnaise » avec un ballon qui revient vers l'arrière où Wendie Renard sert l'une de ses coéquipières dans la profondeur sur un côté (Lavogez et Thomis, deux lyonnaises), au moment où l'équipe adverse fait remonter son bloc et se retrouve pris dans son replacement.
Dans ce tournoi, on attend de voir aussi l'équipe de France capable de produire son propre jeu, qui s'appuie sur ce que les Tricolores font en club mais qui soit capable de le dépasser. Lors de la Coupe du Monde 2015, les relations entre Elodie Thomis (OL) et Marie-Laure Delie (PSG), ou entre Louisa Nécib-Cadamuro (OL) et Laure Boulleau (PSG) avaient été des clés dans le jeu offensif des Bleues. Une sélection où il ne faut pas oublier les joueuses de Montpellier et de Juvisy, une richesse qui doit servir à diversifier et rendre le plus imprévisible possible le jeu de l'équipe de France dans cet Euro.
Hichem Djemai