Alors que les Jeux Olympiques de Tokyo se profilent, le rendez-vous majeur du sport mondial va bien se dérouler à l’ombre d’une pandémie bien présente, malgré le report en 2021 décidé l’an dernier face à l’ampleur de la crise sanitaire. Alors que le tournoi féminin de football débute le 21 juillet, quelques éléments d’explications sur cette bulle sanitaire mise en place autour des J.O de Tokyo…

 

Le contexte est morose à l’approche des Jeux Olympiques, d’autant que la population japonaise reste majoritairement hostile à l’organisation de l’évènement. Une méfiance vis-à-vis des J.O, avec la crainte de voir l’évènement amplifier l’épidémie de COVID-19 dans l’archipel, et la rendre incontrôlable.

 

Une population japonaise toujours sceptique

Le Japon compte aujourd’hui plus de 15.000 décès liés à l’épidémie de coronavirus, un chiffre à la fois élevé mais très inférieur à ce que l’on observe en Europe et en France en particulier, avec plus de 110.000 décès depuis le début de l’épidémie. Un chiffre également à mettre face à celui du nombre d’habitants, qui est d’un peu plus de 126 millions au Japon.

Pourtant, depuis quelques semaines, l’épidémie est repartie à la hausse avec près de 4.000 cas quotidien au niveau national, dont plus d’un millier dans la région de Tokyo, des chiffres proches du pic observé en début d’année dans la capitale japonaise et sa région. Du côté de la vaccination, environ 20 % de la population japonaise est pleinement vaccinée.

Dans un récent sondage publié par l’institut Ipsos, seuls 22 % des Japonais interrogés estimaient que les Jeux devaient se tenir cet été. Parmi les populations interrogées, seuls les sondés sud-coréens se montraient plus sceptiques (14 % favorables à la tenue des Jeux), contre 42 % par exemple parmi les Français interrogés.

Depuis quelques mois, il s’agit donc de mettre les Jeux dans une bulle, pour éviter que la population de l’archipel ne perçoive l’évènement comme une menace directe pour la santé publique. Les Jeux Olympiques vont d’ailleurs se dérouler à huis clos, alors que le Japon avait renoncé à accueillir des spectateurs venus de l’étranger dès le mois de mars.

 

Les Jeux n’échappent pas au huis clos

Les stades qui accueilleront le tournoi féminin de football seront donc vides pour la plupart, même si un accueil du public japonais avait été un temps envisagé, dans une limite de 10.000 spectateurs. Une option finalement abandonnée face à la reprise de l’épidémie dans le pays. Quelques stades s’apprêtent pourtant à accueillir du public, comme dans la région de Sendai, à quelques centaines de kilomètres au nord de Tokyo.

En effet, le Miyagi Stadium va être le théâtre de quatre matches du tournoi féminin de football (dont un quart de finale) et les autorités locales souhaitent maintenir la possibilité de jouer les rencontres devant des spectateurs. Une initiative qui fait figure d'exception alors que la majorité des matches devraient se jouer sans public.

En plus de ce huis clos, les règles édictées par les autorités japonaises sont d’ailleurs draconiennes, pour éviter tout contact entre les participants aux Jeux et la population. Cela commence par le port du masque obligatoire en dehors des entraînements et des compétitions, en intérieur comme à l’extérieur.

Dans le guide (playbook) fourni aux athlètes, il est également défendu aux athlètes de se « promener [en] ville et visiter des sites touristiques » ou encore se rendre dans des « magasins, bars ou restaurants, salles de gym... ». Sauf exception, les transports publics sont interdits aux sportifs, avec des moyens de transports spécifiques dédiés aux athlètes.

 

Traquer le virus, des précautions à tous les étages

Si le CIO s'attend à ce qu'une large majorité des participants soient vaccinés, les tests salivaires seront malgré tout quotidiens pendant les Jeux, de même que les prises de température aux portes du village olympique, sans oublier une application de traçage numérique incluse dans le téléphone portable remis aux athlètes lors de leur arrivée à Tokyo. Une mise en condition qui débute dès l'arrivée à l'aéroport, avec des procédures de tests et de contrôles qui peuvent prolonger de plusieurs heures le débarquement à la descente de l'avion.

Les Jeux Olympiques se dérouleront au Japon, mais l’expérience pourrait donc prendre un caractère « hors-sol », d’autant que les athlètes devront quitter le pays 48h après la fin des compétitions. En cette période préparatoire, chaque cas positif est scruté comme le lait sur le feu, dont de premiers recensés au village olympique parmi l'équipe masculine sud-africaine de football. Ces cas d’infection sont répertoriés par les organisateurs, avec une liste (anonymée) des cas positifs mise à jour quotidiennement par le CIO.

Les athlètes et encadrants positifs au coronavirus devront s’isoler sous le contrôle des autorités japonaises, mais aussi les « cas contacts » soit « toute personne ayant eu des contacts prolongés (15 minutes ou plus) avec une personne dont l’infection à la COVID-19 a été confirmée par un test, à moins d’un mètre et sans porter de masque ».

Une précaution appliquée pour tous les contacts dans « les deux jours précédant l’apparition des symptômes jusqu’au moment du test et de l’isolement de la personne infectée » même si cette contrainte pourrait être contournée, si l’athlète concerné accepte de se soumettre à des tests PCR quotidiens et un isolement provisoire.

 

Un tournoi pas comme les autres ?

Dans le cas du football, ces règles drastiques ont probablement participé à une adaptation des règles. Les 12 sélections qualifiées pour le tournoi féminin de football vont pouvoir disposer d’un groupe plus large avec 22 joueuses. Une modification qui permet également d’anticiper les blessures ou les effets de la chaleur (plus de 30°C en cette période de l’année) associée à de forts taux d'humidité.

Au départ, chaque sélectionneur devait choisir 18 joueuses et ajouter quatre réservistes. À la demande de plusieurs fédérations, dont la Suède et les Pays-Bas, les quatre réservistes seront finalement intégrées à la sélection, même si seulement 18 joueuses pourront figurer sur les feuilles de match pour chaque rencontre du tournoi. Une décision qui semble de bon sens, d’autant que les quatre réservistes devaient de toute façon faire le voyage au Japon.

De quelle manière ce contexte sanitaire va-t-il impacter le tournoi à venir ? Quitte à bousculer la hiérarchie de manière inattendue. C’est l’un des éléments qu’il faudra observer, de manière générale dans ces Jeux Olympiques de Tokyo et plus spécifiquement sur les terrains de football.

 

Photo: Svensk Fotboll / Twitter (Les joueuses suédoises ont pris la pose dans le village olympique de Tokyo, des clichés respectueux du protocole sanitaire mis en place par les autorités japonaises pour les Jeux Olympiques)

 

Jeux Olympiques / Tokyo 2021 – Tournoi féminin de football

=> Résultats & programme du tournoi féminin de football

=> Qui pour succéder à l’Allemagne ?

=> Quelles joueuses sont les grandes absentes du tournoi ?

=> Pourquoi les Bleues ne sont pas qualifiées ?

=> Le tournoi féminin de football en chiffres

Hichem Djemai