Lors du premier tour de cette Coupe du Monde, les penalties retirés lorsque les gardiennes n'ont pas un pied sur la ligne, ont été l'un des sujets de polémiques concernant l'arbitrage et l'introduction de la VAR dans ce tournoi. Si la FIFA ne souhaite pas revenir sur cette règle dans l'immédiat, elle a décidé d'atténuer les sanctions lors d'éventuelles séances de tirs de but.

 

Alors que la phase à élimination directe du Mondial débute ce samedi, la FIFA est venue apporter quelques précisions concernant les règles qui entourent les penalties. Lors du premier tour, trois penalties initialement manqués, ont été retirés (et à chaque fois marqués sur la deuxième tentative) parce que la gardienne n'était plus sur la ligne de but au moment de la frappe.

 

Premiers effets

Des situations qui se sont présentées lors des matches Jamaïque – Italie, Nigeria – France et Écosse – Argentine, avec à chaque fois l'intervention de la VAR pour signaler que la gardienne de but n'avait aucun de ses deux pieds sur la ligne de but ou au-dessus, ce qui est pourtant exigé par les règlements.

Un cas de figure qui entraîne une forme de double-peine puisque le penalty est alors à retirer, alors que la gardienne jugée fautive se voit également sanctionnée d'un carton jaune. Ces situations ont provoqué de vives polémiques, notamment dans les deux derniers cas. Dans ces rencontres, (Nigeria – France et Écosse – Argentine), ce sont les penalties retirés de Wendie Renard et de Florencia Bonsegundo qui ont décidé du sort de la partie, participant notamment à éliminer l’Écosse de la Coupe du Monde.

Après, la victoire des Bleues face au Nigeria, Corinne Diacre avait elle-même estimé en conférence de presse que cette règle était « sévère » bien que l'équipe de France en ait profité sur le coup.

 

Une évolution qui ne passe pas

Dès le lendemain du match Écosse – Argentine dans le groupe D, il était rapporté dans la presse anglaise que la Premier League masculine, championnat le plus suivi de la planète, envisagerait de ne pas utiliser la VAR dans de telles situations. Une annonce faîte alors que la Premier League s'apprête à intégrer l'assistance-vidéo dans l'arbitrage pour la saison à venir. Seuls les arbitres de champ seraient alors juges pour déterminer si la règle (loi 14) a été respectée ou non.

Parmi les commentaires sur le sujet, on retrouve celui de Martina Voss-Tecklenburg, la sélectionneuse de l'Allemagne, interrogée sur le sujet hier en conférence de presse, alors que son équipe s'apprête à affronter le Nigeria ce samedi en 1/8e de finale.

La technicienne n'a pas hésité à jugé cette règle « inutile » estimant qu'elle participe à « rendre le football encore plus compliqué ». Selon elle, les règles doivent donner une « véritable chance » tant pour la joueuse qui frappe le penalty que pour la gardienne de but face à elle.

 

Le cas extrême des séances de tirs au but

Dans les propos de Martina Voss-Tecklenburg, on retrouve également cette question, largement exprimée ces derniers jours : que se passera-t-il en cas de séance de tirs au but ? Dans ce type de situations, les gardiennes pourront-elles être sanctionnées d'un carton jaune, voire d'être expulsées ? Des cas de figure qui se profilaient alors que la phase à élimination directe débute ce samedi, avec pour chaque match, une possible séance de tirs au but en cas d'égalité.

Pour éviter un potentiel fiasco, la FIFA a dû réagir ce vendredi par la voix de Pierluigi Collina, ancien arbitre international et actuel président de la commission des arbitres au sein de l'organisation.

Tout en affirmant que l'arbitrage sur ce premier tour avait été « à la hauteur des attentes », il a néanmoins reconnu que les règles devraient être aménagées pour la phase à élimination directe de cette Coupe du Monde 2019. En cas de non-respect de la règle : avoir au moins un pied sur ou au-dessus de la ligne de but au moment de la frappe, le penalty serait donc retiré mais la gardienne ne recevrait pas de carton jaune lors d'une séance de tirs au but.

 

Aménagements ou changement de règle ?

Il s'agit ici d'une « dispense temporaire », accordée en commun accord avec l'IFAB (International Football Association Board), l'instance chargée d'établir les règles du jeu au niveau international. Un éventuel changement de règlement sur le sujet devra attendre l'issue du tournoi avant de pouvoir être examiné.

Comme le communiqué de l'IFAB, Pierluigi Collina estime que la présence de la VAR et donc le risque de voir le penalty retiré serait suffisamment « dissuasif », mais à l'inverse qu'il y a un « risque trop grand » de voir des gardiennes expulsées pendant les tirs au but en cas de respect strict de la règle.

Un aménagement pris dans l'urgence et sous pression, ce qui promet malgré tout des séances de tirs au but encore plus insoutenables avec un examen de chaque tir par la VAR. Plus généralement, cela interroge sur l'intérêt d'une règle qui ne peut être réellement appliquée qu'avec l'utilisation de l'assistance-vidéo.

À ces critiques, Collina et la FIFA répondent que les règles ont déjà été assouplies puisque jusqu'à cette année, les gardiennes et gardiens devaient avoir leur deux pieds sur ou au-dessus de la ligne au moment de la frappe. Un débat sur l'évolution de l'arbitrage qui devrait probablement se poursuivre pendant cette deuxième phase de la Coupe du Monde.

 

Photo: Getty Images / FIFA

Hichem Djemai