À l'issue de la Coupe du Monde 2019 remportée par les États-Unis, Jill Ellis avait annoncé son départ de son poste de sélectionneuse, elle qui a dirigé l'équipe américaine ces 5 dernières années, remportant les deux derniers Mondiaux avec son équipe. L'aventure a pris fin ce dimanche du côté de Chicago à l'issue du match nul (1-1) face à la Corée du Sud, pour la dernière étape du Victory Tour des championnes du monde à travers le pays.

 

Pasadena, Philadelphie, Saint-Paul, Charlotte, c'est finalement du côté de Chicago que Jill Ellis a pris part à son dernier match comme sélectionneuse des États-Unis à l'issue du Victory Tour des désormais double-championnes du monde américaines.

Son équipe et les 33 000 spectateurs massés dans le Soldier Field auraient probablement imaginé une sortie plus triomphale. Accrochée par une vaillante équipe sud-coréenne (1-1), la sélection américaine a frappé trois fois sur le cadre, alors que Carli Lloyd a vu son deuxième but refusé pour hors-jeu dans le temps additionnel.

 

Boucler la boucle

Le choix du Soldier Field de Chicago était tout sauf anodin. En octobre 2012, Jill Ellis prend temporairement la succession de Pia Sundhage, la technicienne suédoise qui vient de remporter deux titres olympiques avec la sélection des États-Unis. Assistante de Sundhage lors des deux victoires aux Jeux, Ellis assure l'intérim en attendant la nomination d'un nouveau sélectionneur, en l’occurrence Tom Sermanni.

Le premier match de Jill Ellis comme sélectionneuse se dispute donc le 20 octobre 2012 face à l'Allemagne, un choc amical qui se termine (déjà) par un résultat nul (1-1) avec des buts des désormais illustres Abby Wambach et Anja Mittag. La partie se jouait alors sur la pelouse du Toyota Park de Chicago, qui accueille régulièrement les matches de championnat des Chicago Red Stars en NWSL.

Parmi les joueuses présentes ce jour-là, elles sont cinq à avoir connu les deux titres mondiaux qui ont suivi avec Jill Ellis : Kelley O'Hara, Tobin Heath, Carli Lloyd, Alex Morgan et Megan Rapinoe. Sept ans séparent ces deux rencontres, même si Ellis a dû attendre le printemps 2014, avant d'être nommée définitivement à la tête de l'équipe nationale américaine.

 

Deux sacres et un rebond

Après le limogeage de Tom Sermanni, Jill Ellis assure de nouveau l'intérim avant d'être nommée officiellement un mois plus tard en mai 2014. La suite prend l'allure de montagnes russes, avec ces deux titres de championnes du monde, et entre les deux une élimination dès les quarts de finale lors des J.O de Rio, le moins bon résultat des États-Unis dans un tournoi olympique.

Une sortie de route en forme d'inside job puisque c'est la Suède dirigée par Pia Sundhage qui l'emporte aux tirs-au-but, au terme d'une leçon de réalisme dont Hope Solo se souvient encore. Jill Ellis a également retenu quelques enseignements de cet échec, et la victoire des États-Unis cet année lors du Mondial en France a été en bonne partie le produit du travail réalisé depuis les derniers Jeux.

Au total, 45 joueuses ont été utilisées par Ellis en amont de la Coupe du Monde, dont 22 ont connu leur première sélection sur cette période. Une revue d'effectif XXL avec parmi ces nouvelles têtes, 5 qui sont parvenues à s'insérer dans la liste finale des 23. Deux d'entre elles étaient titulaires en finale le 7 juillet dernier à Lyon, Abby Dahlkemper en défense centrale, et Rose Lavelle, élue Ballon de Bronze (troisième meilleure joueuse du tournoi derrière Megan Rapinoe et Lucy Bronze).

 

Les Bleues, ''meilleures adversaires'' des Américaines sous Jill Ellis

Une réussite qui récompense d'abord et avant tout le travail qui a rendu possible ce rebond. L'équipe américaine peut jouer jusqu'à 25 matches par an, un atelier unique au monde pour Jill Ellis et qui lui a permis de faire ses choix de manière éclairée, en dépit des demandes de plus en plus nombreuses pour son limogeage dans les mois qui ont précédé la Coupe du Monde.

Pour son avant dernier-match, vendredi face à la Corée du Sud, Jill Ellis a battu un autre record, celui du nombre de succès sur le banc avec les États-Unis. Elle termine son mandat avec 106 victoires (en 132 matches) soit une de plus que feu Tony Di Cicco qui avait dirigé l'équipe des États-Unis dans les années 1990, remportant à l'époque les titres olympique (1996) et mondial (1999).

Durant le mandat de Jill Ellis, les États-Unis ont souvent gagné, alors que l'équipe de France qui a connu le plus grand nombre de victoires sur cette période face aux USA avec 3 succès. Une statistique moins glorieuse qu'il n'y paraît, puisque les Bleues ne sont pas parvenues à transformer l'essai en en compétition officielle, battues aux Jeux de Rio (2016), et lors du dernier Mondial, des revers auxquels on pourrait ajouter la finale de l'Algarve Cup en 2015.

 

Qui pour reprendre le flambeau ?

Jill Ellis quitte son poste depuis les sommets, une sortie en plein état de grâce qui rend encore plus épineuse sa succession. Avec les Jeux Olympiques qui se profilent, la victoire semble déjà impérative alors que la ou le nouveau sélectionneur prendra ses fonctions dans un contexte de conflit ouvert entre les joueuses de l'équipe nationale et la fédération, avec un procès pour discrimination programmé pour le 5 mai 2020.

Parmi les noms évoqués dans la presse américaine, aucune piste principale ne semble pour le moment émerger, alors que l'actuel entraîneur d'Arsenal, Joe Montemurro, aurait fait partie des personnes approchées pour reprendre le flambeau. Une possibilité exclue par les Gunners qui ont remporté la saison dernière leur premier titre de championnes d'Angleterre depuis 2012, notamment grâce à l'arrivée de Montemurro sur le banc d'Arsenal.

D'autres noms été évoqués comme ceux de Laura Harvey (Utah Royals) et de Mark Parsons (Portland Thorns), deux coachs qui officient en NWSL. Erica Dambach, ancienne entraîneure-assistante des États-Unis et coach de l'équipe universitaire de Penn State, fait également partie des noms citées parmi les potentielles pistes pour prendre la succession de Jill Ellis.

Une mission confiée Kate Markgraf, ancienne internationale et désormais manager générale de la sélection des États-Unis. L'annonce est désormais attendue, d'autant que les prochains matches amicaux des championnes du monde américaines sont programmés dès le mois de novembre face à la Suède et le Costa Rica avant le tournoi de qualification pour les J.O de Tokyo au début de l'année 2020.

 

Photo: USWNT / Twitter

Hichem Djemai