On approche l'heure de jeu dans la rencontre entre la France et l'Autriche, et Amandine Henry cède sa place à Kenza Dali. Sur la pelouse du Roudourou de Guingamp, l'équipe de France mène déjà 2-0 au tableau d'affichage. Capitaine de l'équipe de France, Amandine Henry doit également transmettre son brassard à l'une de ses coéquipières.

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Habituellement, ce serait Eugénie Le Sommer ou Marion Torrent qui aurait hérité de cette responsabilité, elles qui ont été nommées vice-capitaines par Corinne Diacre. Les deux joueuses étant forfaits pour ce match (de même que Viviane Asseyi et Aïssatou Tounkara), c'est Charlotte Bilbault qui en hérite, elle qui a été alignée au milieu de terrain devant la défense.

 

Charlotte Bilbault, joueuse de confiance pour Corinne Diacre

Une nouvelle marque de confiance de la part de Corinne Diacre, qui a installé Charlotte Bilbault comme titulaire régulière au milieu de terrain depuis la retraite internationale d’Élise Bussaglia à l'issue de la Coupe du Monde 2019. À 30 ans, cette régularité est une forme de consécration pour la milieu de terrain bordelaise qui avait connu ses premières sélections en 2015 sous le mandat de Philippe Bergeroo, avant de gagner la confiance de Corinne Diacre.

Une transition « facilitée » par les blessures d'Amandine Henry depuis la Coupe du Monde, ce qui a permis à la sélectionneuse tricolore de donner du temps de jeu à la fois pour Grace Geyoro (après un Mondial frustrant) mais aussi pour Charlotte Bilbault.

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Joueuse de devoir comme elle le revendique elle-même, Bilbault porte également le brassard en club avec les Girondines de Bordeaux. Ce choix traduit aussi une volonté de Corinne Diacre de valoriser des joueuses qu'elle a mis en avant depuis son arrivée à la tête des Bleues.

C'est aussi, semble-t-il, un choix qui éclaire la manière dont la sélectionneuse de l'équipe de France souhaite gérer sa sélection, et distribuer les responsabilités au sein de son groupe. Lors de sa prise de fonction après l'Euro 2017, Corinne Diacre avait choisi de reprendre le brassard à Wendie Renard, également capitaine de l'Olympique Lyonnais et de le remettre à sa coéquipière en club à Lyon, Amandine Henry.

 

Un trio pour assurer le capitanat

Deux vice-capitaines avaient été également nommées, à savoir Eugénie Le Sommer et Laura Georges, soit deux potentielles capitaines venues de l'OL et une du Paris Saint-Germain. Détail important, Laura Georges avait également été élue secrétaire générale de la FFF en mars 2017, un poste qu'elle occupe encore à ce jour. Avec la retraite internationale de Laura Georges en mai 2018, l'identité de la deuxième vice-capitaine était restée en suspens.

Depuis, plusieurs joueuses ont porté le brassard, lorsque Amandine Henry et Eugénie Le Sommer n'étaient pas sur le terrain. Parmi elles, la très expérimentée et ancienne capitaine des Bleues, Élise Bussaglia face à la Thaïlande en mai 2019, avec un brassard transmis à Eve Perisset à sa sortie. On peut citer Sarah Bouhaddi (face au Cameroun ou le Danemark avant le Mondial 2019), et Marion Torrent, promue progressivement au rang de vice-capitaine après la Coupe du Monde 2019.

Sarah Bouhaddi avait notamment regretté ce choix de Corinne Diacre de donner le brassard à Marion Torrent pour le match face à la Serbie à l'automne 2019, alors que la gardienne lyonnaise fait partie des joueuses les plus expérimentées (149 sélections) parmi les Tricolores encore en activité. Un épisode parmi d'autres qui a participé à son retrait de l'équipe de France.

 

Le brassard, un sujet de débat en interne ?

Si les internationales françaises actuellement les plus expérimentées sont pour la plupart issues des rangs de l'Olympique Lyonnais, Corinne Diacre semble donc faire le choix d'inclure d'autres profils pour être son relais sur le terrain et assumer une forme de leadership. Une intention louable sur le papier et conforme à sa volonté initiale d'élargir le spectre des joueuses concernées par l'équipe de France.

Pourtant, dans la période actuelle, marquée par de nombreuses tensions internes et des fractures de plus en plus apparentes, ces décisions peuvent apparaître comme autant de casus belli, et pourraient faire partie des sujets abordés par les Bleues en interne cette semaine, entre elles et dans leurs échanges à venir avec Corinne Diacre.

 

Photo: Simon Morcel/FFF

Hichem Djemai