Arrivée dimanche en Autriche, l'équipe de France tentera de s'imposer et surtout de se rapprocher d'une qualification vers l'Euro 2022. Une rencontre d'importance sur le plan comptable, mais aussi pour oublier la dernière rencontre entre les deux équipes lors de l'Euro 2017...

 

Mardi, en Autriche, l'équipe de France pourrait faire un pas important vers l'Euro 2022. Dans le groupe G, la première place se joue désormais entre les deux sélections, avec une double-confrontation attendue, d'abord à Wiener Neustadt demain soir (21h), puis à Guingamp le 27 novembre. La France et l'Autriche sont pour le moment invaincues après 5 matches, à égalité de points (15) et avec une différence de buts favorable aux Bleues (+29 contre +21 pour l'Autriche).

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De retour avec les Bleues, après une période d'isolement, Corinne Diacre indiquait depuis l'Autriche que « les filles sont conscientes de la situation [et] que la première place du groupe va se jouer entre l’Autriche et la France. » La sélectionneuse tricolore estime que son équipe a les cartes en main : « On sait ce qu’on a à faire pour terminer [en tête] du groupe ». Une première place, qualificative pour l'Euro, et qui constitue « l'objectif » des Tricolores dans ces éliminatoires.

L'équipe qui prendra le plus de points à l'issue de ces deux rencontres devrait donc prendre définitivement la première place. Il ne restera ensuite qu'un match à jouer pour les deux sélections, face au Kazakhstan pour la France, et la Serbie, une opposition à prendre au sérieux pour l'Autriche. Sur le papier, les Bleues de Corinne Diacre semblent favorites, mais la dernière rencontre entre les deux sélections a démontré la capacité de la formation autrichienne à tenir l'équipe de France en échec. 

 

Quand l'Autriche surprenait l'Europe... Et la France

Lors de l'Euro 2017, l'Autriche avait, en effet, obtenu le match nul dans le groupe C face à la France (1-1), menant au score à la pause, après l'ouverture du score de Lisa Makas (27e). Amandine Henry avait égalisé au retour des vestiaires sur un corner d’Élise Bussaglia (51e), mais l'équipe d'Olivier Echouafni avait ensuite buté sur la défense autrichienne, aidée par quelques parades de Manuela Zinsberger, notamment face à Amandine Henry.

C'était alors la première fois en 6 rencontres, que l'équipe de France ne parvenait pas à s'imposer face à l'Autriche. Un « exploit » dont Eugénie Le Sommer « ne garde pas un bon souvenir », comme elle l'a indiqué ce lundi en conférence de presse d'avant-match. Elle se souvient d'une équipe « très solide défensivement », « avec beaucoup d'agressivité », mais aussi « capable de jouer les coups à fond ».

Ce match nul avait contribué à l'incroyable parcours des Autrichiennes, alors qu'elle participait à l'Euro pour la première fois de leur histoire. L'équipe de Dominik Thalhammer avait terminé devant la France dans le groupe C, éliminant au passage la Suisse (mondialiste en 2015) et l'Islande de Sara Björk Gunnarsdottir. En quart de finale, l'Autriche ridiculise l'Espagne, opposant une défense de fer face à une possession stérile de la Roja pendant 120 minutes, avant de prendre le meilleur lors de la séance des tirs au but (0-0, 4-3 tab).

Au tour suivant, l'Autriche tentera le même coup, poussant le Danemark aux tirs au but, mais les coéquipières de Pernille Harder s'étaient visiblement préparées, et peuvent finalement éviter le piège en demi-finale (0-0, 3-0 tab). Pour sa première participation, l'Autriche n'en reste pas moins l'une des sensations de l'Euro 2017, un tournoi qui a confirmé la densité du football européen, et la fin de la suprématie de l'équipe d'Allemagne.

 

Comment tourner la page ?

De leur côté, les Bleues avaient été sorties en quart de finale par l'Angleterre, au terme d'un Euro laborieux, précipitant le départ d'Olivier Echouafni (remplacé par Corinne Diacre), pourtant vainqueur de la SheBelieves Cup quelques mois plus tôt aux États-Unis. Une sortie de route prématurée qui était venue confirmer le décalage entre les prestations lors des matches amicaux, et les résultats obtenus dans les grandes compétitions.

Retrouver l'Autriche, c'est donc se confronter au souvenir de l'une de ces contre-performances, alors qu'elles s'accumulent pour les Bleues ces dernières années dans les grands tournois. De son côté, l'Espagne avait su rapidement conjurer le sort. Quelques mois à peine après l'Euro, la Roja recevait l'Autriche en novembre 2017 aux Baléares à l'occasion d'un match qualificatif pour la Coupe du Monde 2019.

La partie n'a plus rien à voir avec l'ennui de l'Euro. Une équipe espagnole avec la possession du ballon, mais qui se montre désormais capable de multiplier les changements de rythme, de réduire le nombre de touches, accélérer les transmissions à l'approche du but adverse, et ainsi prendre de court l'équipe autrichienne et son organisation.

Le résultat est sans appel, victoire 4-0 de l'Espagne, avec les 4 buts inscrits en moins d'une heure. L'équipe de Jorge Vilda s'impose ensuite sur une marge plus réduite (0-1) lors de son déplacement en Autriche au printemps 2018 et l'Espagne peut ainsi sortir vainqueur de ce groupe de qualification pour le Mondial, sans avoir cédé le moindre point. À l'image de la Roja, l'emporter en Autriche, c'est aussi pour l'équipe de France montrer qu'elle a appris de ses erreurs, au-delà du résultat obtenu à l'issue des 90 minutes. Un aspect qui prend une dimension supplémentaire au vu des turbulences traversées ces derniers mois par l'équipe de France, et la récente polémique autour de la non-sélection d'Amandine Henry.

 

L'ombre de Nina Burger

Parmi les titulaires autrichiennes de ce dernier France-Autriche en juillet 2017, 9 seront présentes dans la sélection d'Irene Fuhrmann demain à Wiener Neustadt. Seules manquent à l'appel, Laura Feiersinger (blessure au pied droit) et l'immense Nina Burger qui a pris sa retraite internationale en 2019. Capitaine de l'équipe d'Autriche, elle est également la meilleure buteuse en sélection (53 buts), et la joueuse la plus capée (108 sélections), même si elle devrait être prochainement dépassée par la milieu de terrain montpelliéraine Sarah Puntigam.

L'absence de Laura Feiersinger fait figure de coup dur pour ce match face à la France. C'est actuellement l'une des joueuses autrichiennes les plus influentes dans le secteur offensif. À son absence, il faut ajouter celle de Julia Hickelsberger, qui s'était illustrée depuis le début de ces éliminatoires, avant de se blesser en septembre face au Kazakhstan.

L'Autriche compte pourtant d'autres atouts offensifs. Parmi eux, on peut citer Barbara Dunst, ou Nicole Billa, qui avait largement contribué à l'exceptionnelle saison 2019/2020 d'Hoffenheim en Bundesliga allemande, terminant 3e, après avoir été longtemps au contact de Wolfsburg et du Bayern Munich.

 

Après l'exploit...

Parmi les 23 sélectionnées pour ce match face à la France, elles sont d'ailleurs nombreuses à évoluer dans le championnat allemand (13), dont les coéquipières de Viviane Asseyi au Bayern Munich, Carina Wenninger et Sarah Zadrazil. En Angleterre, les buts d'Arsenal ont vu se succéder Pauline Peyraud-Magnin et Manuela Zinsberger, soit les gardiennes qui devraient être titularisées ce mardi dans les buts de la France et de l'Autriche.

L'Autriche reste donc un adversaire à prendre au sérieux, même si elle cherche désormais à franchir un nouveau palier après l'exploit de l'Euro 2017, une performance qui avait d'ailleurs participé à populariser le football féminin dans le pays. En juillet dernier, l'un des architectes de ce succès, Dominik Thalhammer quittait son poste de sélectionneur, au terme de 9 années passées à la tête de l'équipe nationale.

C'est Irene Fuhrmann qui prend désormais sa succession, après avoir été son adjointe, notamment lors de l'Euro 2017 aux Pays-Bas. À l'époque, l'Autriche s'était qualifiée en obtenant l'une des 6 places de meilleures deuxièmes, terminant second de son groupe de qualification derrière la Norvège. Une deuxième place qui semble être aujourd'hui l'objectif principal de la fédération autrichienne, même si les coéquipières de Sarah Puntigam tenteront à nouveau de pousser les Bleues dans leurs retranchements...

 

Photo VI-Images/Getty Images

Hichem Djemai