La blessure de Sofia Jakobsson, un tournant dans la saison de Montpellier ? C’est la question que tout le monde se pose alors que le club de l’Hérault semblait en position de venir s’inviter dans la course à l’Europe, voire même de jouer les arbitres dans la course au titre. Désormais, tout semble remis en cause…

 

Avant le choc face à Lyon, Montpellier semble avoir déjà mis de côté ses ambitions pour le titre et peut-être même pour l’Europe. L’année 2017 avait pourtant bien commencé avec cette victoire à domicile face au PSG (2-1) au terme d’un retournement de situation favorable aux Héraultaises.

 

Le nul face à Juvisy, un accident ?

Mais la suite s’est révélée moins enthousiasmante pour Montpellier, avec ce nul (0-0) encaissé face à Juvisy qui fait repasser Montpellier à la troisième place derrière Lyon et Paris. Dans la foulée, Montpellier s’en est sorti avec une victoire laborieuse (2-1) face à Bordeaux, un match où les Girondines auraient pu arracher le nul.

Ces deux derniers matches, compliqués pour Montpellier se sont joués sans Sofia Jakobsson, meilleure buteuse du championnat (14 buts) avant sa blessure fin janvier. Son absence explique-t-elle à elle seule les difficultés de Montpellier sur ces deux matches ? Non, mais son influence dans le jeu de son équipe rend difficile son remplacement du jour au lendemain, malgré les qualités des autres attaquantes au sein de l’effectif de Jean-Louis Saez.

Au-delà de l’aspect comptable, on retrouve Sofia Jakobsson à la conclusion sur des buts décisifs. Récemment, c’est elle qui égalise face à Marseille en 32e de finale de la Coupe de France, alors que l’OM semblait un temps en mesure de faire chuter le MHSC. Face à Paris, c’est à nouveau Jakobsson qui égalise sur un coup-franc de Sandie Toletti. Au-delà des buts de Jakobsson, le point commun de ces deux matches se trouve notamment dans la capacité des Montpelliéraines à remonter au score en terminant fort au moment où les équipes adverses piochent physiquement.

Montpellier peut jouer sans Jakobsson mais cela change-t-il les ambitions du club cette saison. Invaincues à domicile, les Montpelliéraines peuvent-elles faire trébucher Lyon comme le PSG a pu le faire en décembre dernier ? Un résultat face à Lyon ce week-end à Grammont est presque impératif dans la course à l’Europe au risque de voir Lyon et Paris se retrouver hors d’atteinte pour la fin de saison.

 

La "Jakobsson dépendance"

Lorsqu’on évoque le sujet avec Jean-Louis Saez, après le match de Coupe face à Domont, le coach montpelliérain reconnaît que la blessure de l’internationale suédoise a été particulièrement handicapante, notamment contre Juvisy où la blessure a eu lieu dans la semaine du match et a pris de court le coach montpelliérain et son équipe.

Une dépendance qui selon lui s’est construite aussi au cours de la saison. L’absence de Marie-Charlotte Léger et Valérie Gauvin pour la période de la Coupe du Monde U20 a fait que les automatismes au niveau offensif se sont construits autour de Sofia Jakobsson mais aussi de Laëtitia Tonazzi, titulaire en attaque sur la première partie de saison.

Pour Jean-Louis Saez, l’influence de Sofia Jakobsson n’est pas qu’une question d’automatismes. Le match amical la semaine dernière contre la Chine (victoire 4-1) l’a rassuré de ce point de vue avec par exemple Valérie Gauvin qui a inscrit un doublé lors de cette rencontre. Joueuse expérimentée, Sofia Jakobsson prend plus de place dans le jeu montpelliérain. Son activité, ses courses, ses prises d’initiative, fait que le reste de l’équipe peut avoir tendance à se reposer sur elle pour proposer des solutions et faire des différences. Autant de qualités qui ont manqué lors du match face à Juvisy.

 

Faire confiance aux jeunes ?

Selon lui, il est difficile d’en demander autant à de plus jeunes attaquantes comme Marie-Charlotte Léger, Valérie Gauvin ou Stina Blackstenius, qui doivent encore s’affirmer et prendre confiance en elles sur le terrain. De ce point de vue, le rôle de Janyce Cayman pourrait se révéler d’autant plus important au sein de l’attaque héraultaise.

Du côté de l’autre recrue hivernale de Montpellier, cette obstacle de l’expérience peut aussi se surmonter. Pour Stina Blackstenius, marquer dans un grand match ne serait pas une première. Buteuse face aux États-Unis et l’Allemagne aux JO, elle avait même été titularisée en demi-finale face au Brésil à la place de… Sofia Jakobsson.

Pourtant, au-delà du match face à Lyon, on a vu contre Bordeaux que ces difficultés pouvaient se présenter à tous les matches d’ici à la fin de saison.  Mais encore une fois, pour Jean-Louis Saez, la blessure de Jakobsson n’explique pas tout. Selon lui il faut aussi prendre en compte les choix faits l’an dernier de faire évoluer le jeu de l’équipe basé sur du jeu rapide, vertical, basé sur la projection vers une alternance avec plus de jeu court et de possession.

Une évolution que le coach montpelliérain évoquait déjà avec nous en début de saison avec parfois un manque d’efficacité, le collectif perdant de vue l’objectif premier de marquer. Selon lui, c’est ce qui s’est produit face à Bordeaux, une équipe contre qui Montpellier avait déjà eu des difficultés au match aller (victoire 1-0), alors que Jakobsson était titulaire.

 

Les autres atouts offensifs de Montpellier

Pourtant face à Lyon, difficile de penser que son absence ne sera pas un handicap pour les Héraultaises. Malgré tout, et on l’a vu ces dernières semaines, Jakobsson n’est pas le seul atout offensif de Montpellier. Lors du match aller à Décines, le but héraultais avait été inscrit par Anouk Dekker. Au départ de l’action, une erreur de la défense lyonnaise, mais surtout un pressing collectif qui avait permis à la milieu de terrain néerlandaise de déposséder Wendie Renard du ballon et marquer.

Cette capacité à défendre haut et récupérer des ballons hors de ses trente derniers mètres pourrait se révéler décisive. C’est l’une des clés pour surprendre une défense lyonnaise qui cette saison a connu de brefs passages à vides avec à la clé quelques buts évitables (Marseille, Juvisy, Montpellier).

Montpellier peut également s’appuyer sur la qualité de ces coups de pied arrêtés. Dans l’ombre de Camille Abily, auteures de quelques splendides coups-francs cette saison, Sandie Toletti est en train de devenir l’une des meilleures tireuses de coup de pied arrêté en D1. Face au PSG, les deux buts de la victoire sont inscrits sur coup de pied arrêté (coup-franc de Toletti et corner de Marion Torrent). Au match aller contre Juvisy, c’est un coup-franc direct de Toletti qui permet au MHSC d’ouvrir le score.

 

Toletti / Karchaoui : une influence grandissante dans le jeu montpelliérain

Dans les matches importants, Montpellier peut désormais régulièrement s’appuyer sur des phases arrêtés pour faire basculer une rencontre. Et pour provoquer ces coups de pied arrêtés, on a vu l’importance grandissante d’une joueuse comme Sakina Karchaoui, notamment face au PSG.

Dans son couloir gauche, face à Lyon, elle risque pourtant de se retrouver face à Pauline Bremer, actuellement en très grande forme. Déjà face à Juvisy, la présence de Kadidiatou Diani dans son couloir avait limité le rayonnement offensif de Karchaoui, un apport sur lequel devra pourtant s’appuyer Jean-Louis Saez pour perturber la défense lyonnaise.

Autant d’éléments qui montre que Montpellier conserve des arguments pour ne pas subir ce match face à Lyon. Mais l’absence de Sofia Jakobsson pose également des questions pour la suite de la saison. Derrière, c’est l’objectif pour les Héraultaises de parvenir à réaliser une saison pleine, là où les deux dernières éditions ont vu un Montpellier aux deux visages, sur les premières et deuxièmes parties de saison.

Hichem Djemai