Avec son accent flamand qu'elle n'a pas encore perdu (ndlr) depuis qu'elle est au LOSC, l'internationale belge Jana Coryn avait fait sensation la saison dernière en D2. Avec la montée cette année, l'attaquante qui a fait ses premiers matches avec Lille dans l'élite du Football français ressent la différence de niveau. Elle nous a donné son sentiment sur l'écart entre les deux divisions et on a également évoqué ses débuts en Belgique et de la sélection.
"Le LOSC soutient vraiment le Foot Féminin."
Coeurs de Foot - Alors est-ce que la neige à fondu à Luchin ? (interview réalisée mercredi 6 décembre, après l'annulation du match LOSC/Paris FC samedi 2 décembre)
Jana Coryn - Oui elle a fondu, mais elle était restée tout le week-end donc on ne pouvait ni jouer, ni s'entraîner. Ce n'est que depuis mardi que la neige a fondu.
Coeurs de Foot - Au LOSC, il y'a eu quelques Belges (internationaux) qui sont passés comme Hazard, Origi, Mirallas, Desmet ou Vandenbergh. Mais tu es la première internationale belge a signer au LOSC (avant la signature, Jana Coryn jouait en Super League, équivalent de la D1 Feminine et a inscrit 19 buts) Vous être trois belges aujourd'hui avec Demeyere et Coutereels.
J.C. - Oui, chez les féminines. Et Hazard est aussi un Diable Rouge, donc on est tous les deux internationaux.
Oui j'étais en contact avec le LOSC quand je jouais encore en Belgique. J'avais joué la Coupe de Belgique et c'est à ce moment là qu'ils m'ont vue. J'avais marqué deux fois et puis ils cherchaient quelqu'un. Après ils avaient encore besoin de quelqu'un au milieu et ils ont vu un match de Silke [Demeyere]. Avec Silke on habite pas très loin l'une de l'autre et on se connaît depuis dix ans, donc je lui ai demandé si elle était intéressée [par le projet du LOSC] et je l'ai présenté au club. Ensuite le club avait besoin d'une défenseur et comme je connaissais Maud [Coutereels] qui jouait au Standard et en sélection avec moi. Et de son côté aussi elle cherchait à jouer en dehors [de Belgique]. Comme Lille n'est pas si loin d'où elle habitait, je lui ai conseillé de venir avec moi.
Coeurs de Foot - Alors je sais que ta ville d'origine Waregem se situe en Flandre et que la langue c'est plutôt le néerlandais (pas l'anglais ?). Comment ça t'es venu d'apprendre le français ?
J.C. - J'ai appris le français à l'école puis en secondaire aussi et comme j'aime le français et la France, j'ai décidé de devenir prof de français et de sport. J'ai continué à l'université et aujourd'hui j'ai un master en français. Après je pouvais jouer en Allemagne mais comme je parle plus le français que l'allemand (ndlr) j'ai choisi Lille, parce que ce n'était pas si loin de chez moi non plus, la France.
Coeurs de Foot - L'année dernière quand tu as rejoint le club français, tu disais justement à LOSC.fr que ton objectif pour ta saison en D2 c'était de marquer plus de buts. On peut dire que tu y es arrivée avec 24 buts en 23 matches (dont 22 en tant que titulaires).
J.C. - Oui parce qu'en Belgique j'avais déjà tout accompli selon moi. J'ai joué dans les meilleures équipes, j'avais gagné la Coupe parce que le championnat était l'emprise du Standard. On était à un ou deux points du leader. J'ai été meilleure buteuse [du championnat élite]. Et quand je suis arrivée à Lille comme attaquante, mon objectif c'était de marquer des buts pour aider mon équipe.
Oui (sourire) je l'ai dépassé la saison dernière [mon record de buts].
Coeurs de Foot - On peut dire que ton plus beau but en D2 malgré la défaite 1-6 contre Juvisy (Paris FC aujourd'hui) c'était contre le club francilien ? Cette magnifique reprise de volée du gauche, qui termine pleine lucarne opposée.
J.C. - Oui on m'en a encore parlé la semaine dernière parce qu'on devait affronter le Paris FC. On avait perdu, mais je me rappelle encore de mon but. Oui il était beau, et c'était bien du gauche donc j'étais contente.
"Ce sont des défaites face à ces équipes là, qui coûtent chers à la fin de la saison."
Coeurs de Foot - Au début de la saison, on avait contacté le coach, Jérémie Descamps et Camille Dolignon ta coéquipière en club pour évoquer votre première saison en D1. Et on savait qu'il y avait vraiment deux scénarii plausibles, une belle entame et le retour à la réalité ou un faux pas avant peut-être de réussir à engranger. On peut dire qu'on est plus sur le premier scénario, après votre belle victoire contre Bordeaux 3-0, avant de voir vos ardeurs calmées. Comment vous avez vécu ce début de saison ? Quelles sont vos remises en question aujourd'hui au sein du groupe ?
J.C. - Oui on a bien commencé. On était motivées, on est toujours motivées. Personne ne pensait qu'on pouvait commencer avec un tel succès contre Bordeaux. C'était le meilleur scénario pour commencer en fait. Après sont venus les matches contre Soyaux ou Albi par exemple, où on a perdu des points qui sont précieux [avec la perspective de cette saison]. On devait gagner et on pouvait gagner. Ce sont des défaites face à ces équipes là, qui coûtent chères à la fin de la saison. Ce sont des points qu'on perd, et qu'on ne doit pas perdre pourtant. Quand on marque, et qu'on prend un but derrière c'est dur de revenir au score. Ce sont des matches qui se jouent sur des détails je pense. Et il faut encore qu'on gagne en expérience pour qu'au lieu de perdre 1-0, on gagne 1-0. Aujourd'hui on a encore deux matches difficiles et on doit rattraper le match contre le Paris FC (mercredi 20 décembre) mais on va essayer de gratter quelques points et si possible de gagner parce qu'on a perdu des points contre des équipes, qu'on devait gagner.
Coeurs de Foot - Comment vous avez vécu justement ce début de saison dans le groupe alors ?
J.C. - On était très contentes d'être en D1, tout le monde avait envie de connaître la D1 (certaines Lilloises ont déjà joué dans l'élite du championnat) et on est toujours motivées. Mais moi je vois qu'il y a vraiment une différence (sourire nerveux) entre la D2 et la D1 (c'est sa première année dans l'élite française). Mais je pensais qu'il y avait plus d'écart entre les équipes, sans parler du top 3 (OL, PSG, MHSC) mais pour les clubs comme Albi ou Soyaux contre lesquels on peut toujours se concurrencer. C'est important de gagner des points, et le groupe le sait aussi. On sait gagner, mais il faut être à 100%, sinon on perd des points importants.
Coeurs de Foot - Quelles sont vos remises en question après ces défaites et ces pertes de points ? Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
J.C. - C'est comme le coach l'a dit, ça se joue sur des détails. Il faut avoir une certaine expérience dans certaine situation. Comme lorsque l'on prend un but après deux minutes de jeu en seconde mi-temps. Ca c'est la concentration je pense ou des détails. Parce qu'on joue bien, on a une bonne équipe, on a un bon jeu mais il manque des buts devant. Il faut être efficace devant mais aussi efficace/solide derrière, donc on essaye de travailler cela pour s'améliorer après chaque match.
Coeurs de Foot - Est-ce que ce n'est pas l'homogénéité de votre équipe, le fait que vous ayez un style très ressemblant et une carrure physique similaire quasiment les unes des autres - sauf Ouleye Sarr peut être - qui ne vous jouent pas des tours aujourd'hui ?
J.C. - (sourire) Oui on n'est pas grandes dans l'équipe, mais je ne pense pas que ça pose problème parce qu'on a d'autres qualités. Et comme Ouleye [Sarr] est grande, on doit utiliser ça aussi, donc on doit peut-être encore plus chercher nos meilleures qualités et les utiliser.
Coeurs de Foot - Il faut gagner en hargne ?
J.C. - Il faut quoi ?
Coeurs de Foot - Il faut gagner en puissance dans votre jeu ?
J.C. - Oui mais ça on l'a travaillé en début de championnat, sur les duels qu'il fallait gagner... Donc on a essayé de travailler "la puissance" et en athlétisation, on essaye de gagner en muscles. On travaille bien mais tu ne peux pas changer [ta physionomie] en quelques semaines. Tu as besoin de travail pour ça.
Coeurs de Foot - Est-ce que "ce décalage" qu'on avait évoqué après PSG/LOSC (défaite 1-6 elle va marquer l'unique but de Lille) il se ressent encore aujourd'hui selon toi, pour toi et l'équipe ?
J.C. - En D2 le niveau est complètement différent je trouve, parce que c'est plus de rythme dans le jeu [la D1]. Quand tu as quelques occasions en [D2], mais que tu rates une ce n'est pas si grave parce que tu sais que tu en auras encore deux ou trois autres. Mais maintenant [en D1] on a parfois qu'une seule occasion ou deux et on doit la transformer parce que sinon si on prend un but derrière, voilà, on perd le match. Quand on ne marque pas, c'est difficile parce qu'en D2 tu savais que même à la 90e minute, on pouvait encore marquer. Là on essaye aussi [en D1] mais avant on savait toujours que si on donne tout, on gagne le match. Et en D1, on donne tout mais ce sont vraiment les détails qui nous font perdre et sur ce point il faut progresser. Puis la qualité des joueuses est meilleure en D1 aussi.
Coeurs de Foot - D'accord. Alors est-ce que c'est mentalement aussi que vous avez stagné ou régressé parce que c'est plus difficile aussi ?
J.C. - (elle réfléchit) Mentalement je pense que la différence est vraiment grande pour moi, parce que maintenant on marque moins de buts. Du coup les derniers matches où on prend des buts, on a la pression un peu parce qu'en tant qu'attaquante tu dois marquer pour aider ton équipe à gagner. Et si je ne marque pas, je suis déçue. Comme à Guingamp où j'ai eu deux occasions que j'aurais dû concrétiser, parce que si je les marque, on gagne ce match. (blanc) Quand elles ont marqué, ça a été difficile de revenir au score.
"Ca c'est aussi un sacrifice qu'on a du faire nous les joueuses."
Coeurs de Foot - On peut dire que la "joie" et "la facilité" de tout gagner en D2 à laissé place à la "réalité" de l'élite. Le coach a parlé de sacrifices que vous aviez fait pour cette montée justement. Quels étaient-ils ?
J.C. - Je ne vais pas dire qu'en D2 c'était toujours facile. Mais en D1 tu ne sais jamais ce que va donner un match, comme notre victoire 3-0 à Bordeaux, puis on perd à Soyaux...
Tout le monde se donnait à chaque match, complètement, et tout le monde était pour l'équipe. On a beaucoup travaillé ensemble et tout le monde avait le même objectif. Le club avait donné l'objectif du top 3, mais nous les joueuses on voulait la montée. Y'a eu beaucoup de sacrifices. Toutes les filles étaient là tous les jours pour s'entrainer et même en vacances, on devait revenir en forme pour les matches. Même l'affaire avec La Roche, on n'a pas décidé de jouer sur les papiers [en appel avec la FFF] mais de rejouer à nouveau le match. Mais on savait que si on était obligées de le rejouer, on allait le gagner à nouveau. Ca c'est aussi un sacrifice qu'on a dû faire nous les joueuses.
Coeurs de Foot - Pour parler de ton jeu. Tu es une joueuse qui aime jouer sur la vitesse et j'ai remarqué que tes mouvements de jambes étaient symétriques à tes mouvements de bras pour faire des pas plus petits mais peut être plus rapides. D'où tiens-tu cela ?
J.C. - Oui je ne sais pas (sourire) parce que je n'ai jamais remarqué ça (rires). J'ai appris ça, quand je faisais de l'athlétisme avant le foot, où il faut bien utiliser les bras.
"Le Foot pour moi ce sont aussi les émotions."
Coeurs de Foot - D'accord et sur le terrain tu as aussi un regard très expressif, qui dégage beaucoup de caractère. Qu'est-ce que ça cache ?
J.C. - Je suis toujours dans le jeu. Je suis un livre ouvert comme on dit parfois. Tu vois toujours mes expressions. Si je suis fâchée tu le vois, et si je suis déçue tu le vois parce que le Foot pour moi ce sont aussi les émotions. Je joue avec tout mon coeur. Moi je veux toujours gagner, tu ne joues pas pour faire plaisir [dans l'élite]. Et je suis trop contente quand on a marqué et déçu quand on a perdu. A Guingamp, j'étais triste parce que je sais qu'à la fin de la saison c'est un résultat qui peut jouer en notre défaveur...
'Le Football Féminin en Belgique "n'engrange" pas assez d'argent
et il n'était pas vraiment intégré [dans les esprits]'
Coeurs de Foot - Il y'a des clubs aujourd'hui où tu as joué qui ont fermé en Belgique. Quelles sont les raisons de cela selon toi ?
J.C. - Oui. Parce que les déplacements coûtaient chers. Le Football Féminin en Belgique "n'engrange" pas assez d'argent et il n'était pas vraiment intégré [dans les esprits]. Maintenant c'est mieux, mais plusieurs fois les clubs ont décidé d'arrêter leur section féminine, et j'ai dû changer d'équipe. Quand j'étais à Lierse (le club précédent Lille) on avait failli être champion, on a terminé deuxième et on a gagné la Coupe de la Belgique. Heureusement qu'à ce moment là j'avais déjà des contacts avec Lille et que j'avais déjà décidé que j'allais partir, parce qu'une semaine après ils ont décidé de fermer la section féminine. Le Président ne voulait pas le Football Féminin. C'est pour ça que venir à Lille, était une bonne décision aussi parce que tu sais que le club soutient vraiment le foot féminin. Ils ont donné beaucoup de moyens l'année passée et ils ont géré la situation face à l'ESOF (au sujet des quatre points retirés pour une joueuse qui n'avait pas une licence valable en France).
"C'est difficile pour une attaquante, parce que dans les articles, c'est ce qu'on voit en premier."
Coeurs de Foot - Qu'est-ce qui te reste à développer ou à améliorer dans ton jeu selon toi, pour ta première saison dans l'élite du football français ?
J.C. - Je pense que dans mes duels il faut que je me renforce, parce que face au top 3, tu te dis que ce n'est pas suffisant finalement. L'efficacité aussi. Quand j'ai trois occasions, il faut être efficace dès la première. Et j'essaye, on s'entraîne aussi pour ça. Mais ça c'est valable pour toutes les attaquantes, parce que quand tu ne marques pas, tu n'es pas une bonne attaquante. C'est difficile pour une attaquante, parce que dans les articles, c'est ce qu'on voit en premier.
Coeurs de Foot - Est-ce que techniquement aussi tu as une progression à avoir ? Ce n'est pas une qualité que tu aimes bien la technique ou je me trompe ?
J.C. - (elle est perplexe) Parce que là je n'ai pas trop d'actions. Je prend d'abord la vitesse comme première qualité et après je me débrouille [techniquement]. C'est sur ce point que tu peux voir, comme tu m'as posé la question tout à l'heure, que je n'ai pas joué avec les garçons. Et c'est la base, parce que je n'ai commencé à jouer au Foot qu'à 10 ans, et que j'ai raté 5 ans peut-être chez les garçons (parce qu'il n'y avait pas assez de filles dans les équipes jeunes). C'est dans ces catégories-là que tu apprends et que tu as de meilleurs entraîneurs/entraînements. Quand j'ai commencé entre 10 ans et 15 ans, je jouais en régional et avec un entraîneur sans diplôme, juste pour le plaisir. Quand j'ai eu mes 15 ans, je savais que je pouvais jouer plus haut, même mes parents m'ont dit que j'avais du talent et que ce club n'était pas le plus approprié pour progresser. Et c'est là que j'ai décidé de changer pour un club plus professionnel et là j'ai appris à être plus technique. Mais je sais que ce n'est pas ma meilleure qualité pour autant. Après j'ai fait des stages de futsal pour améliorer ce point là. En match j'utilise plus ma vitesse que ma technique, même si j'en ai, tu le vois pas (sourire) mais si je veux mettre ça en avant plus qu'autre chose, je sais que je peux y arriver.
Coeurs de Foot - A cause de la neige le week-end dernier vous avez perdu un peu le rythme. Maintenant vous allez enchaîner trois matches Montpellier, Soyaux et Paris FC mercredi 20 décembre. Ce sont des grosses confrontations pour terminer cette phase aller ?
J.C. - Oui on sait, mais bon c'est comme j'ai dit, on va essayer de garder d'abord le match nul parce qu'on gagne déjà des points et si on peut marquer pour gagner plus de points, ça serait bien. On y travaille, même si avec la neige on a pas pu s'entraîner, mais on a travaillé le physique quand même. On a confiance, maintenant il faut juste gagner un match pour faire du bien au groupe je pense.
Après chaque match, on essaye de s'améliorer et de mieux préparer le match suivant et ainsi de suite.
Coeurs de Foot - En D2, vous aviez vraiment un état d'esprit de guerrières, que vous avez un peu laissé de côté en ce début de saison de D1 on a l'impression de l'extérieur. Comment tu l'expliques ? Vous appréhendiez le niveau ? Pourtant il y a des joueuses qui sont passées par la D1 dans votre groupe (Rachel Saidi ou encore Ouleye Sarr et Elisa Launay).
J.C. - Oui c'est ça [on a des anciennes joueuses de D1]. La saison passée on se devait de tout gagner à la maison et on voulait garder cela en D1, parce que c'est la moitié des matches et que si tu peux les gagner tu as déjà des points. Mais a l'extérieur on savait que ça serait difficile, mais on fait de notre mieux. On se prépare bien, il manque juste un match avec lequel on doit gagner des points.
Coeurs de Foot - Vous êtes neuvième actuellement, ce n'est pas la zone rouge mais il ne faut pas s'endormir ?
J.C. - Oui c'est sûr. On a des matches difficiles maintenant, mais on va tenter de grappiller des points et on verra bien.
"Les finales contre Wolfbsurg, Lyon ou le PSG,
ce sont des confrontations que tu as envie de jouer en tant que joueuse."
Coeurs de Foot - Alors je sais que l'une des prochaines finale de Ligue des Championnes sera peut-être à Liège en 2020. La ville s'est posée candidate. Est-ce que c'est un objectif pour toi l'Europe en club ?
J.C. - Tu veux toujours jouer ces matches-là. Il faut être réaliste pour le moment. Avec Lille c'est encore loin mais dans quelques années, on ne sait pas où on en sera et j'aimerais y arriver. Les finales contre Wolfbsurg, Lyon ou le PSG, ce sont des confrontations que tu as envie de jouer en tant que joueuse.
Coeurs de Foot - Y'a beaucoup de talents qui sont entrain d'émerger en Belgique, on a l'impression ?
J.C. - Oui ça commence maintenant à bouger en Belgique et y'a beaucoup d'espoirs qui essayent de s'imposer aujourd'hui. Je l'ai vu lors du dernier rassemblement avec la double confrontation face à la Russie. J'ai été agréablement surprise de voir qu'il y a des jeunes de talent et qui se montrent sans aucun complexe.
"C'était nos premiers matches dans un Euro
dans l'histoire de la Belgique"
Coeurs de Foot - Pour évoquer de la sélection. Moi je voudrais déjà revenir sur votre parcours à l'Euro. Vous avez terminé 3e synonyme d'élimination derrière les Pays-Bas et le Danemark en phase de groupe, mais devant la Norvège quand même. Qu'est-ce que tu retiens de cette expérience européenne en sélection ? On peut dire que vous étiez proche de l'exploit ?
J.C. - Oui oui c'est vrai [on y était proche] parce que le Danemark et les Pays-Bas ont joué notre place en quarts de finale et on a gagné contre la Norvège. On était dans un groupe relevé. Donc on était contentes de gagner face aux Norvégiennes (2-0). Mais on a juste mal commencé [face au Danemark, 0-1], on était trop défensives. On voulait d'abord défendre et si on avait une contre-attaque, s'en servir pour ouvrir le score, mais ce n'était pas vraiment notre jeu. Donc pour le deuxième match, on s'est dit qu'on allait pas reproduire ce système et jouer comme on sait le faire, même si c'est contre la Norvège. Après on a vu que c'est passé [avec la victoire 2-0]. Donc le troisième [contre les Pays-Bas] on l'a fait aussi, mais peut-être un peu trop parce que c'est une nation forte et on a pris les deux buts [avant de réduire avec le but de Tessa Wullaert 2-1]. C'était nos premiers matches dans un Euro dans l'histoire de la Belgique donc c'est un début. On a beaucoup appris de cette expérience et aujourd'hui on prend tout ça pour les matches de qualification pour la Coupe du Monde 2019. Il nous reste des matches contre l'Italie et le Portugal pour y arriver, en mars/avril prochain.
Coeurs de Foot - Maintenant ton objectif personnel c'est aussi d'être une titulaire indiscutable en sélection ?
J.C. - Oui c'est sûr, je me donne à fond pour l'être et en match tout autant. Face à la Russie en match amical, j'ai fait la passe décisive donc je suis contente.
Coeurs de Foot - En 2015, les garçons sont montés à la première marche du classement FIFA. C'est un objectif qui reste beaucoup plus difficile à atteindre pour les filles aujourd'hui. Quels sont vos prochains défis en sélection ? La Coupe du Monde 2019 en France ?
J.C. - La Fédération a décidé qu'il devrait y avoir plus de jeunes joueuses qui commencent le Football, parce qu'on voit que c'est dans ces catégories là qu'on apprend le plus. A l'Euro, on a vu de plus en plus de filles jouer au Foot, et qu'on était des exemples pour elles. Maintenant la Fédération a vu aussi que le Football Féminin commence à se développer et donne les moyens dans ce sens.
Tu vois que ça commence à prendre et je me dis qu'on a bien progressé aussi sur ces dernières années. Quand les Diables Rouges (masculins) ont pris en popularité, on a voulu cela aussi pour le Football Féminin. Y'a beaucoup de documentaires qui ont été diffusés dans cette optique, beaucoup de chaînes de TV sont venues. Tu vois que ça bouge maintenant. On a de plus en plus de spectateurs en matches et c'est vraiment génial de voir cette effervescence autour de l'équipe nationale et du Football Féminin.
Photo : LOSC.fr