Cinquième saison avec Soyaux pour Gwendoline Djebbar, qui a été titularisée sur les deux premiers matches contre le PSG (1-1) et le LOSC (2-1) où elle sera auteure d'un des buts de la victoire. 180 minutes de jeu et un but inscrit pour la joueuse, qui revient d'une longue période de blessures et de rééducation. Interview.

 

 

Coeurs de Foot - Deux matches joués, un but marqué, comment tu te sens en ce début de saison ?
Gwendoline Djebbar - Ca se passe bien, je me sens bien, bien mieux qu'avant (rire nerveux). J'ai repris mes marques sur le terrain, je me sens bien physiquement, donc forcément ça se ressent. C'est pas le top encore, j'espère mieux mais c'est déjà pas mal.

 

CDF - Tu as été titularisée sur les deux premiers matches de la saison, mais j'ai senti que tu relâchais en fin de rencontre. Est-ce que c'était la fatigue ou tes blessures qui reviennent à ce moment là ?
G. D. - Oui le match était peut être un peu long. Face à Paris on a beaucoup couru, donc forcément on y a laissé des plumes. Après je me suis un petit peu blessée, ça commençait à me tirer sur la cuisse donc oui peut être que c'était un peu long mais ça va beaucoup mieux.

Je reviens quand même de loin malgré tout, ça fait deux ans, enfin peut être bien un an et demi où j'ai bien galéré donc déjà de jouer deux fois les 90 minutes, c'est très bien. 

 

CDF - Prochain match contre Albi (4-1 ext et 3-1 dom la saison dernière) tes coéquipières vont tomber sur une équipe revancharde et qui a envie de prendre ces premiers points ? (blessée après le match face au LOSC, elle ne prendra pas part au match)
G. D. - C'est un match super important pour nous. Ces équipes là, elles sont plus ou moins portées [par leur public]. On va devoir prendre des points, même si c'est à l'extèrieur, même si c'est une équipe rugueuse... On va essayer de notre côté de faire le jeu, de jouer avec nos qualités et si on arrive à développer notre jeu, on devrait être capable de battre Albi et c'est ce que j'espère.
On s'attend à un match compliqué. Elles, elles veulent prendre leur(s) premier(s) point(s), elles savent très bien que c'est contre nous qu'il va falloir essayer de les prendre. Nous on sait ce qu'on a à faire, même si on se déplace, face à Albi ce sont des points qu'il faut qu'on gagne. Pour le maintien c'est super important. Le groupe est motivé et veut aller chercher cette victoire.

 

CDF - Cela fait 12 ans que tu joues en club, tu as commencé à Monteux, avant de rejoindre le Celtic Marseille, puis Nimes, Albi et maintenant Soyaux. Comment tu vois tous ces passages d'un club à l'autre ?
G. D. - Oui Monteux, c'était la première équipe de filles. Pour moi [le passage d'un club à l'autre] ça a été formateur, j'ai apprécié changer d'équipe, voir d'autres joueuses, d'autres façon de fonctionner, d'autres villes aussi. Quand on est à Marseille ou à Albi, ce n'est pas du tout la même vie. Ca a été de bonnes expériences. De devoir s'intégrer dans des groupes, faire ses preuves aussi, ça a été bénéfique pour moi.

 

CDF - J'ai vu aussi que tu avais fait un passage de Nimes en D3, avant ton passage à Albi et de revenir en D2 avec Nimes. Tu avais gardé des bons contacts avec le club ?
G. D. - Oui je suis partie à Albi pour jouer en D2 et quand la famille commençait à me manquer un peu, et que je ne trouvais plus trop mon compte dans seulement le foot, je suis repartie à Nîmes lorsqu'elles ont accédé à la D2. Ils m'ont re-contacté et moi je voulais me rapprocher de mes parents, donc c'était l'opportunité à saisir et l'occasion d'être un peu chez moi. Avant d'avoir d'autres envies (sourire), de vouloir voir la D1 et de partir à Soyaux.

 

CDF - On peut dire que t'es une sudiste ?
G. D. - ​(sourire) Oui quand même, je l'aime mon Sud (rires).

 

"J'avais compris tout ce qu'il me manquait [pour l'élite]."

 

CDF - Ta meilleure saison est 2014/2015, même si la précédente a été aussi prolifique en terme de buts pour toi et que tu as joué plus souvent ?
G. D. - ​Oui [2014/2015] c'est ma saison référence, où je me suis sentie le mieux, j'avais fait ma première saison de D1. J'avais compris tout ce qu'il me manquait [pour l'élite]. C'était ma saison la plus pleine, on va dire. J'avais été épargnée aussi par les blessures, parce que j'en avais pas eu beaucoup sur cette saison. Ce qui fait que je pouvais enchaîner les matches, j'avais le rythme, donc ça avait été une de mes meilleures saisons.

 

CDF - J'ai interrogé deux personnes qui sont très proches du club de Soyaux, Manu Cahu et Erwan Chapel pour avoir un petit peu des infos sur toi, qu'on ne trouve pas forcément sur le net ou qu'on ne voit pas nous.
Pour Manu tu es "la joueuse la plus souriante de l'équipe..." et il ajouté que "elle a pas mal d'humour et elle aime faire le pitre je l'ai bien vu au moment de la photo officielle." C'est vrai tout ça ?
G. D. - ​Oui j'ai la joie de vivre, j'aime bien arriver à l'entraînement avec le sourire, j'aime bien rigoler aussi c'est vrai. Pas forcément faire le pitre, mais chambrer un peu les copines.

 

"On voit jamais ça dans le football féminin, c'est plus dans le foot masculin."

 

CDF - J'ai remarqué sur les deux matches que j'ai vu dont celui au Camp des Loges que tu étais plutôt hargneuse, caractérielle...
G. D. - ​(rires) C'est vrai ? Non c'était l'ambiance du match, d'ailleurs j'ai adoré les supporters, même s'ils sont contre nous, c'était rigolo, on voit jamais ça dans le football féminin, c'est plus dans le foot masculin. Donc c'est plutôt drôle, après peut être que sur le terrain ou alors dans des atmosphères un peu particulière je peux être un peu fermée je sais pas. Mais moi j'aime bien déconner, je me prend pas vraiment au sèrieux. Mais du caractère ça par contre j'en ai.

 

CDF - Erwan Chapel a été un peu plus explicite de son côté et m'a rapporté que tu as "une grosse relation" avec ta famille. Ca compte beaucoup pour toi ? Ton papa vient te voir souvent en match à ce qui parait ?
G. D. - ​Oui c'est super important, c'est ma base, c'est mon repère. Quand j'ai un moment de libre, je vais voir mes parents, d'ailleurs ils montent ce week-end.
(sourire) Oui mon papa, mes parents et même mon frère sont mes plus grands supporters et ils aiment venir me voir jouer. C'est important la famille, surtout quand j'ai eu mes problèmes de blessures tout ça.

 

CDF - Alors je sais aussi que tu as été éloignée par deux fois des terrains selon Erwan : "Gwendo, c'est 2 terribles blessures toute seule à Juvisy à Maquin (J17) le 13/03/16 et contre Juvisy à Soyaux (J18) le 02/04/17."
G. D. - ​Oui c'est ça. Le premier croisé j'ai été opérée, la deuxième il n'y a pas eu besoin d'opération. Ca m'a écartée plus d'un an et demi des terrains.

 

CDF - Comment tu as vécu ce moment et passé ces caps ? Ca renforce à chaque fois, mais on a toujours l'impatience de revenir sur le terrain même si ça décuple la hargne sur le terrain dès le premier match ?
G. D. - ​Ce que j'ai trouvé le plus dur c'est d'être inexistante, de plus servir à rien. On passe sa vie au foot et pendant une blessure on a plus rien, on a plus les entraînements, on a plus les matches du week-end. Le fait d'être opérée c'est difficile à vivre, d'avoir toute cette rééducation aussi, mais on est très occupée quand même. De voir les copines jouer, ça c'est dur parce qu'on se sent un peu oubliée. C'est ce sentiment là qui est un peu difficile. Il faut être bien entourée dans ce moments là et se dire que c'est qu'un mauvais passage. Quand on revient sur le terrain, ça nous renforce mentalement.

 

CDF - Le but que tu as inscrit contre le LOSC lors du deuxième match de la saison, c'était la cerise sur le gâteau pour toi alors ?
G. D. - ​(rires) Oui, c'est Laura [Bourgouin] c'est Boubou, qui me met un bon ballon, une galette et moi du coup après j'ai plus qu'à finir. Alors le but c'est vraiment une explosion de joie, parce qu'on en parlait dans l'équipe (rires). Siga avait marqué face à Paris SG et ça faisait un moment qu'elle avait pas marqué elle aussi et on se chambrait un peu sur ça. Au final je marque contre Lille, donc c'était magnifique, j'arrêtais pas de leur dire que j'arriverais plus jamais à marquer et puis finalement j'y suis arrivée.

 

CDF - Alors je sais que tu es passée par l'équipe de France B, est-ce que tu as joué des matches ? Des compétitions ? 
G. D. - Non j'avais fait un stage en 2015 et on avait fait un match amical contre une équipe de Paris. 

 

CDF - J'ai lu une de tes interviews sur Charente Libre (le média local à Soyaux) et tu as dit cette phrase : "C'était génial de porter les équipements de l’équipe de France, d’enfiler le maillot frappé du coq"
G. D. - Oui c'est un peu le rêve de toutes celles qui jouent en D1 je pense à un moment donné, si y'a un peu d'ambition. Forcément quand on arrive à Clairefontaine, on est un peu chouchoutées, c'est une très belle expérience. En plus porter le maillot de l'équipe de France, ça représente quand même notre pays, c'est le must dans une carrière.

 

CDF - Ton objectif aujourd'hui c'est d'y regouter avec la B et peut être la A ? Corinne Diacre nous disait que la porte était ouverte à tout le monde donc ça doit te motiver encore plus ? 
G. D. - Mon objectif vraiment, c'est de me faire plaisir et de retrouver mon niveau parce qu'avec toutes les blessures, c'était trop long pour que je puisse avoir d'autres objectifs en tête. Ca viendra peut être si je suis performante en club.
Bien sûr au fond de soi on a toujours cette ambition sinon on arrêterait le foot je pense. Mais si ça me tombe dessus, je dirais pas non, c'est sûr. L'arrivée de Corinne Diacre, ça peut être que du positif, elle laisse sa chance à tout le monde. Ca nous pousse en club à se dépasser, ça peut être que bénéfique.

 

CDF - Comment tu vois cette saison alors pour toi ?
G. D. - J'ai envie de jouer un maximum de temps, j'ai envie d'aider l'équipe à déjà se maintenir, atteindre cet objectif et avoir personnellement de belles prestations aussi. J'aimerai vraiment me faire plaisir et jouer une année complète, ça c'est important aussi de pouvoir faire une année pleine sans blessures, sans pépins... Là je suis écartée pour dimanche parce que je suis blessée mais à la limite un match c'est pas très grave. Il faut que je puisse me lancer pour la suite de la saison.

 

CDF - Le nouveau coach cette saison, c'est Sébastien Joseph (ex-Rodez) j'ai l'impression qu'il a apporté quelque chose de plus, c'est plus stratégique, plus tactique sur le terrain du côté de Soyaux ?
G. D. - Oui c'est ça. Déjà on s'entraine plus donc on a plus le temps de bosser [nos automatismes] et il a vraiment des principes bien définis, des principes de jeu et il essaye de nous faire bien comprendre au fur et à mesure des entraînements. Il y a des déplacements que telle ou telle joueuse doit avoir à tel moment, ce sont des aspects qu'on ne travaillait pas avant.

 

CDF - Pour parler de ton jeu personnellement, t'es une joueuse physique qui aime bien percuter, même si tu joues plein axe, t'aimes bien aussi déborder... T'aimes bien être en retrait ?
G. D. - C'est difficile de se définir et j'ai du mal à m'auto-juger (s'esclaffe). J'aime bien avoir le ballon au pied, décaler, donner de bons ballons à mes coéquipières. Je suis plus la joueuse qui va faire la passe, à la limite percuter pour essayer de trouver le décalage.
Oui je suis plutôt la joueuse de l'ombre sur le terrain.

 

CDF - Dernière question si je ne me trompe pas, tu travailles au district du Football de la Charente, comme chargée du développement du football féminin ?

G. D. - Je n'y suis plus, j'ai fini mon contrat. C'est ça je m'occupais de développer le football féminin sur la Charente. Ca prenait beaucoup de temps, c'était vraiment très contraignant et surtout avec le rythme que Sébastien [Joseph] impose par rapport aux entraînements, c'était vraiment impossible de gérer les deux.
Aujourd'hui, j'encadre une équipe au sein du club, j'ai passé mon diplôme, j'ai passé mon BEF l'an dernier.

 

CDF - Tu te vois coach alors à la fin de ton cursus ? En D1 ?
G. D. - J'aimerais bien. De D1 je sais pas (sourire), il faut d'abord commencer en bas mais ça peut être quelque chose qui me plairait oui.

 

Photo : Manu Cahu Photographe Sportif 

Dounia MESLI